SAMEDI 27 FÉVRIER, Tuxtla

Le plan prend forme ! On dirait qu’on va vraiment y aller à cette Venta. Charlie a cédé à mon plan, le côté aquatique n’étant pas trop son fort, il était moins enthousiaste que moi à l’idée de passer 6 jours dans la flotte. Mais ce ne sont pas 6 jours dans la flotte, ce sont 6 jours ... en bouée ! (en tout cas c’est comme ça que je lui ai vendu !). Une expédition comme ça, c’est qu’une fois dans une vie (enfin je n’espère pas), alors il ne faut pas la louper. On passe notre journée à nous mettre au point, en faisant des choix stratégiques qui sortent de nos têtes, car on ne connait personne qui a fait l’intégrale de la descente du rio, les 90km.

Nous avons donc dû tirer nos conclusions, après avoir collecté les avis hétéroclites issus d’internet et de l’expérience de différents mexicains, sur certains tronçons de la rivière et à une certaine époque de l’année. Pas facile de faire le choix : certains font leur tronçon de descente en kayak gonflable (on a ignoré cette option quand on a su qu’il y aurait du portage), d’autres en chambre à air, d’autres juste en gilet et néoprène, d’autre sans rame, d’autres avec des palmes. Il y en a même un qui prend une corde et des baudriers pour sécuriser le franchissement des plus gros rapides.

On a donc eu des échos de certains tronçons qui ont été fait, mais il reste des tronçons mystères. Et puis on sera en complète autonomie, évidement pas de réseau, et pas d’issue de secours si jamais il nous arrive un pépin. Le rio devrait couler entre de grandes parois calcaires, atteignant jusqu’à 500m de haut. Il y a certes des accès depuis les « colonies » qui vivent sur les côtés, mais pour les trouver il faut s’accrocher (on se rappelle de la sortie de la Cueva de La Venta, qui arrive dans le Rio éponyme, on aurait difficilement trouvé sans Andrès. Ces sentiers sont tout simplement invisibles). On se fie donc à notre logique et notre bon sens pour nous préparer. On suppose bien que les parties de rio s’alterneront avec des parties de marche, zones de transitions où il nous faudra être efficace pour passer du mode bateau au mode marche, et vice-versa. Le parcours étant long, on doit être légers pour avancer le plus rapidement possible. On table sur 6 jours, avec une progression de 15km par jour. On compte entrer dans le canyon demain à 12h, nous donnons donc RDV au lanchero (conducteur de barque) de venir nous chercher à la sortie des gorges le vendredi à 12h, pour nous faire traverser les 40km de lac dans lequel débouche le Rio La Venta. A l’autre extrémité du lac se trouve la communauté de Malpaso, où nous prendrons un bus pour revenir à Tuxtla. Cette relation de confiance à distance avec le lanchero est un peu stressante, heureusement il nous est recommandé par notre ami Oel, en qui nous avons totalement confiance. On mise sur le fait qu’il fera chaud (Le Rio commence à 600m et fini à 200m d’altitude), on choisi de ne pas s’encombrer avec les combinaisons néoprènes. On a un poncho en couverture de survie pour si vraiment on a trop froid. On descendra donc la rivière avec nos affaires de randonnée classique : chaussures d’alpi, pantalon, t-shirt et casque pour les chutes de pierres. On prend un change pour le soir, un petit doudou-couverture, la tente, de la ficelle et notre « culotte » de canyon pour faire un siège à la bouée, et un jeu de rustines pour les réparer si besoin. La machette pour le bois et une quantité de nourriture comptée au gramme près, avec nos tasses de bivouac, une casserole, deux couteaux, le réchaud et une petite pharmacie. Par précaution Augustin nous prête son Aspivenin, il nous prête aussi deux pompes pour gonfler nos chambres à air quand le moment sera venu. Le tout rentre dans deux sacs étanches (chambre à air de camion incluse) qui eux même tiennent dans notre kit de spéléo (22L et 24L). Incroyable ! Je crois qu’on n’a jamais été aussi compactes. Côté embarcation nous avons opté pour deux chambres à air de tracteur neuves de 17 pouces (les secondes mains faisaient trop peur) pour 280 pesos, c’est pour nous le choix optimal pour marcher avec sans trop d’encombre tout en nous permettant de franchir les plus petits rapides. Les plus gros nous les contournerons. Comme propulseur, un ami nous prête une pagaie double qui se divise en deux rames.

Nos kits sont prêts, ils doivent peser 10kg chacun, c’est très raisonnable.

Voilà une idée de notre sac

DIMANCHE 28 FÉVRIER, La Venta

Le bus met évidement trois plombes à sortir de Tuxtla mais malgré tout nous sommes dans le timing : à midi pile il nous jette sur le pont de Las Flores, en plein milieu de nulle part, et nous descendons avec nos kits compactes sous les yeux éberlués des voyageurs. Au moins l’entrée est simple : pas de permission à demander, pas de droit de passage à payer, pas de colonie de laquelle se méfier, c’est l’argument qui a le plus convaincu Charlie dans la « simplicité » de la logistique. Cependant, habituellement, personne ne part de là car il faut marcher 8km entre rivière et rives pour atteindre réellement l’entrée des gorges. La chaleur nous écrase, j’utilise mon casque en guise de casquette. C’est dimanche et les villageois des alentours en profite pour venir se baigner, pique-niquer et pêcher comme ils savent bien le faire : en apnée avec un masque, en acculant les poissons avec un mini-harpon sur élastique sous les rochers. On voit leur collecte piquée sur un fil, étendue en plein soleil sur les rives. Les poissons sont loin de faire la maille, 15cm tout au plus, ça fait beaucoup d’arrêtes. Ainsi nous quittons la civilisation petit à petit. La marche est relativement facile, si on considère que marcher dans le sable avec de l’eau jusqu’aux chevilles est facile. Il y a plein de résurgences qui arrivent dans le cours d’eau ce qui est rassurant pour trouver de l’eau potable pour notre premier campement ce soir. Tantôt rivière, tantôt rive, on trouve qu’on avance assez vite à la vue du GPS, ça nous détend, cette descente de 90km de rivière devient de plus en plus à notre portée. Des coucou-écureuils nous distraient, en sautant de branche en branche jusqu’à prendre leur envol, dans leur plumage roux. On retrouve nos bandes de geaies à crête bleu qui croissent comme des corbeaux, il y a encore des vaches qui pâturent en liberté dans la rivière et rien ne nous distrait plus jusqu’à l’arrivée dans les Gorges, où nous sommes accueillis par la cascade connue de l’Aguacero, où les touristes peuvent descendre par un escalier de 750m. On retrouve une foule de mexicains qui jouent dans l’eau et dans la belle cascade qui tombe en rideau dans le Rio. L’ambiance est bonne. Et hormis ce passage, les gorges sont calmes et paisibles. On poursuit quelques kilomètres pour atteindre notre quota de 15 km journaliers et nous installons sur une petite plage, à côté d’une résurgence, en pleine forme pour notre premier bivouac. Pour fêter ça, on a même ramené de la saucisse à griller, qu’il faut manger car elle ne se conservera pas par cette chaleur. Inspiré par l’imposant arbre qui nous fait face, nous nommons notre campement « Bivouac 1 de l’arbre sacré » et mangeons un bon repas près du feu. On dirait que ça va être facile cette descente, on a même peur d’aller trop vite.

Début de la rando

Cascade touristique de El aguacero

Entrée dans les gorges, après 8 km de marche facile

Bivouac 1 de l’arbre sacré

LUNDI 1er MARS, La Venta

7h : Réveil frais ce matin dans les gorges. Un petit colibri vient faire ses salutations au soleil dans le jour naissant. Quel beau réveil. Nous nous délectons de notre café avec la lumière qui arrive, on ne se presse pas, on a l’impression qu’on a le temps. C’est reparti pour de la marche entre rives et rivière. Comme la logique le veut, la rivière devient un peu plus profonde (jusqu’aux genoux) et les rives sont un peu plus meubles. Ca fatigue mais on y va de bon cœur. Un oiseau chante de son cri « rieur-moqueur » à croire qu’il nous observe progresser dans la rivière. On a de la chance, encore un gros soleil pour aujourd’hui. Plusieurs espèces de martin-pêcheur viennent nous raser et me narguent, car je n’arrive jamais à les capturer en vidéo tellement ils sont rapides. Pourtant en général ils décollent juste sous nos yeux. Ils nous nargueront jusqu’au lac, avec le petit cri pointu, à peine audible. Nous nommons aussi « Héron bon présage » un gros héron blanc qu’on fait s’envoler vers l’aval à mesure que nous avançons vers lui. C’est un grand oiseau blanc, qui est un échassier et peut-être pas un héron, mais sa blancheur pure et sa grandeur nous donne l’inspiration d’un bon présage. Lui aussi nous accompagnera jusqu’au lac. A midi nous faisons halte devant la superbe cascade de la Conchuda, qui jailli d’une grotte à 40m de haut, au cœur d’un immense cirque rocheux. C’est la belle vie, on va jouer dans le jet de la cascade pour nous rafraichir et nous amuser avant de prendre la direction aval. Des petits animaux nous distraient cet après-midi, comme le lézard basilique que Charlie aime tant, et qui se laisse observer cette fois-ci, et une libellule rose fuchsia. Nous croisons également 3 groupes de pêcheurs. On dirait que ces gorges sont inaccessibles, c’est ce que tout le monde nous dit, mais vu que les groupes de pêcheurs descendent même avec leurs chevaux, les chemins doivent être bien tracés. Les mayas ou Tzotzils devaient eux aussi bien connaitre les accès entre les parois, et ils savaient même escalader ou monter des échafaudages car de nombreux vestiges ont été retrouvés dans les grottes des parois de La Venta. Vous verriez ces parois, vous n’y croirez pas. Autant que nous sommes subjugués qu’ils puissent descendre des puits en spéléo, nous sommes impressionnés qu’ils puissent escalader des falaises, porter par la foi de leurs rites et de leurs Dieux. En 1990, un mexicain a remarqué un trou en parois à environ 20m de hauteur, recouvert de branchages disposés d’une telle façon que la rivière ne pouvait être responsable de cela. Il revient dans l’année avec un petit groupe d’alpinistes français qui ont la chance inouïe d’accéder à la grotte du « Tapesco del Diablo », grâce à leurs techniques d’escalade artificielle. Quelle chance est tombée sur eux ce jour là. La grotte du Tapesco était une grotte funéraire d’un prestigieux maya, qui a été retrouvé intact grâce aux conditions exceptionnellement sèches de la grotte. Le défunt reposait avec des éléments jamais vu, notamment un panier funéraire en végétaux tissés avec des graines de l’époque à l’intérieur, mais aussi des chaussures en fibres végétales (d’habitude ces objets pourrissent et ne sont jamais retrouvés), un peigne en brindilles et fibres, et des pots incroyables dont un pot blanc immaculé taillé dans de la calcite et je passe de nombreux vestiges incroyables. Si bien que l’INAH, aussitôt prévenue, s’est empressée de débarquer en hélicoptère pour retirer l’intégralité de ces vestiges (certes c’est de l’archéologie, mais ça fait aussi penser à du pillage cette manière de procéder, dans une grotte aussi inaccessible). Les vestiges du Tapesco reposent aujourd’hui dans le musée (et surtout dans le sous sol) de l’institut d’anthropologie de Tuxtla qui était fermé cause covid. Dommage, on aurait bien été voir tout ces objets précieux de nos propres yeux. Les Mayas, s’ils savaient que ce défunt ne repose plus dans cette grotte symbolique ... J’ai de la peine pour eux. Si cela vous intrigue, il y a 4 petites vidéos du Tapesco del Diablo sur Youtube, qui montre les étapes allant de la découverte de cette grotte d’exception, jusqu’à l’arrivée de l’hélico. En tout cas, les yeux de Charlie ont analysé les parois au bon moment et nous avons eu la chance de passer un petit moment privilégié à admirer cette grotte en plafond, dont le branchage encore présent posé à l’époque protégeait quiconque de tomber de 20m de haut. Encore une fois nos cœurs et notre esprit vont vers cette civilisation méconnue qui était si audacieuse. Depuis cette découverte, les falaises de la Venta ont été escaladées de nombreuses fois pour accéder à des grottes aussi inaccessibles les unes que les autres, et de nombreux vestiges ont été mis à jour. Mais les gorges sont si grandes qu’il reste encore certainement de nombreuses découvertes à faire.

Rien de mieux qu’une baignade sans nos sacs dans un petit rapide pour nous faire rire et nous rafraichir avant de reprendre notre chemin. On avance moins vite aujourd’hui. On ignore combien il faut de profondeur d’eau pour que nous bouées vaillent la peine et on ne veut pas les gonfler pour les « subir » après dans les tronçons de marche qu’on peut gagner sur les rives. Dur dilemme, à la fin de ce deuxième jour on sent qu’on commence à forcer à marcher dans l’eau, c’est pas aussi rigolo que ce que j’ai vendu à Charlie. En plus depuis la cascade de la Conchuda on n’a plus vu de résurgence, et on voudrait s’épargner de boire l’eau de cette grosse rivière. Nos bouteilles sont vides, on commence à trébucher pour rien, franchement j’ai juste envie de me laisser flotter dans la rivière mais on n’est pas super sûrs de l’étanchéités de nos sacs, ça serait risquer pour rien. Mais quelle tentation de trébucher et de juste ... se laisser flotter. Non, on continue de lutter un peu, et 200m avant notre objectif (Le Rio la represa qui doit se jeter dans notre Rio La Venta), nous trouvons enfin une résurgence qui nous va, avec une petite plage de l’autre côté. Ca sera parfait, on monte le Bivouac 2 « La Résurgence Inespérée ». Ce soir une mélodie de bruits inconnus émane de la forêt, on cuisine au feu de camps : un bon bouillon pour patienter puis une deuxième et dernière tournée de saucisses de la semaine avec du riz. Le chant des crapauds résonnent dans les gorges, il fait bien chaud près du feu, nos vêtements de la journée sont étalés à sécher sur les rochers autours. Nous reprenons nos forces en harmonie avec la selva del Ocote qui nous entoure, la lune est presque pleine. Chaque soir nous prenons soin de creuser un lit et de faire un traverser en sable avant de monter la tente par-dessus. Dans notre literie de luxe nous nous endormons sans demander notre reste.

Saucisse à la pierrade improvisée par Le Chef

Jolie fleur dont le parfum rappelle la vanille et le jasmin

Pique-nique à la Conchuda

Instant baignade !

Pensif en admirant le Tapesco

Zoom sur le branchage du Tapesco

MARDI 2 MARS, La Venta

Nous avons droit à notre salutation de colibri de bon matin. Un escuadron de perruches vertes fait son envol en criant, des vocalisations de pigeons mystiques à 4 notes résonnent dans les gorges brumeuses ce matin, sur fond du coulis ininterrompu de la rivière et le clapotis de la résurgence qui goutte. Il ne fait pas froid mais humide, et quelques nuages épars apparaissent à l’horizon. Le réveil avec la nature est toujours un moment que j’apprécie beaucoup. « C’est vraiment un très bel endroit » commente Charlie, en admirant les parois tout en buvant son café. Savoir que Charlie est heureux, c’est le bonheur ! Nos vêtements ont bien séché sur les cailloux chauds, même s’ils seront mouillés toute la journée, c’est agréable de les enfiler secs. « Ah tiens regarde un bébé scorpion » me montre Charlie et je peine presque à voir le minuscule scorpion qui était caché sous son short. 1cm environ. On continue de s’habiller en prenant soin de secouer nos vêtements, quand Charlie soulève son t-shirt du rocher « Amor, attention ! Il y a un gros scorpion derrière ton t-shirt ! » je m’écrie pour qu’il se recule, ce qui évidemment fait effet ! Enorme maman scorpion a dû être bien au chaud toute la nuit avec sa cargaison de bébés scorpions sue le dos, dont un téméraire s’était échappé sous le short. Nous enfilons nos chaussures dans l’eau pour enlever le sable des chaussures et des chaussettes, et c’est reparti.

200m après notre campement nous découvrons le rio la Represa qui n’est en fait pas un Roi mais une superbe cascade avec une belle plage qui aurait fait un spot parfait de bivouac. Pas de regrets, ça sera un bon conseil pour les prochains !

On a de l’eau jusqu’aux hanches, le débit de la rivière est intéressant mais on a de nombreuses occasions d’avancer plus vite en gambadant dans les rochers sur le côté. Et puis parfois la rivière s’étire en largeur, si bien qu’il ne reste plus qu’une fine pellicule d’eau sur le sable, où les bouées ne nous seraient pas utiles. Quel dilemme. On commence seulement la journée et on vérifie l’heure toute les heures. Ca n’avance pas, on n’avance pas ! Le sable est tellement mou quand on marche dedans qu’on force comme des ânes, et la fatigue de 30km de marche dans le sable commence déjà à se faire sentir. On en gâche de l’énergie, et sur nos bouées ça serait tellement plus amusant ... « Plus tôt on gonfle les bouées, plus on aura de chance de les percer à fleur d’eau inutilement » me décourage Charlie « Allez, on tient jusqu’au pique-nique, et si on voit que le niveau d’eau reste haut et navigable, on les gonfle ! ». Ce qui nous fait regarder encore plus l’heure ! Depuis la Conchuda nous sommes sur un tronçon de Rio inconnu, où nous n’avons ni info de navigation, de rapides ou autres. Tout ce qu’on sait c’est qu’après les pluies les rapides passent en classe IV voir V, qu’il y a des siphons et des infrancs. La première descente du Rio la Venta a été faite par l’équipe de l’Expédition Italienne « La Venta » (qui a découvert la traversée de La Cueva de La Venta). Ils l’ont fait en kayak en 1990 en ignorant tout du parcours (sauf qu’ils l’avaient survolé en hélico avant). J’ai lu leur récit dans leur livre publié par l’Expédition, ça fait sacrément aventuriers. Ils étaient dans l’angoisse et l’épuisement constant et ils ont eu faim car ils ont mis plus de temps que prévu et ils ont gaspillés beaucoup d’énergie, notamment à cause du portage du bateau qui leur a causé pas mal d’entorses, mais aussi car ils avaient emporté beaucoup trop de matériel pour une première descente. Ils ont mis 15 jours, et ils ont l’impression d’avoir frôlé la mort. J’espère que ça ne va pas être notre cas !

MIIIIDIIIII ! L’heure de délivrance a sonné, la raison de cette aventure va enfin prendre forme : on gonfle les chambres à air ! On tire un peu la gueule au début : nos chambres à air neuves sont difformes avec des hernies ridicules! Mais une fois notre culotte (extraite de notre baudrier) montée en siège avec la ficelle, et le sac à dos bien attaché à l’arrière de la bouée, notre embarcation a l’air fonctionnel ! En amont c’est grand soleil, l’eau est turquoise et transparente, il y a des petits rapides parfaits pour s’entrainer à la flottabilité, s’amuser sans se faire peur et il y assez de fond pour voguer, on est comme des fous ! Tant bien que Charlie plie et fend sa rame dans le premier rapide. Elle servira encore, mais il va falloir la ménager et elle est moins efficace. Quelques petits réglages de sacs s’imposent, j’entends la casserole cogner contre les cailloux, les petits rapides s’enchainent, on rigole à n’en plus pouvoir, à flotter sur nos donuts entre ces parois immenses, quelle allure ! Notre système d’attache du sac nous permet tantôt de porter le sac avec les bretelles et la bouée qui reste accrochée derrière plus ou moins dans l’axe, tantôt de naviguer sur la bouée avec le sac dans le bas du dos qui augmente notre confort et notre stabilité/flottabilité. On se félicite de notre génie. La rame nous permet de nous diriger beaucoup mieux que nous pensions (on ne tourne pas en rond comme nous craignions). Après cette lutte dans les sables mous et l’eau, on est enfin récompensés d’un des attraits majeurs de la descente de cet immense Canyon Rio La Venta : la navigation en bouée ! 4h passent, nous avons l’impression d’aller plus vite en bouée qu’à pied mais non, on stagne à 3km/h au mieux de notre forme, y’a rien à faire. Sauf que la dépense physique est différente, ça parait même du repos la bouée. Les gorges s’assombrissent à l’aval, les nuages s’épaississent et deviennent bien sombres, c’est oppressant. On aimerait les ignorer mais à vrai dire, une fois le soleil disparu, on se les caille ! Les rapides nous font oublier nos frissons et nous continuons jusqu’à trouver une résurgence, résurgence qui n’apparait jamais. « Non, une résurgence, une grotte et du sable sec » demande Charlie au ciel, vu la pluie qui se prépare. Il a raison, faut toujours être clair dans sa demande ! On stresse un peu, on se lance dans le franchissement d’un long chaos de bloc qui n’en fini pas, la pluie commence à tomber, aucune résurgence n’apparait, il se fait tard, il faut qu’on trouve une solution. On jette les bouées dans les roseaux et on se sépare à la recherche d’un campement. Charlie disparait aussi furtivement que du gibier tandis que j’arpente le pied des parois à la recherche de la moindre petite source d’eau. On est gelés dans nos fringues mouillées, et le vent qui se lève n’arrange rien à ça. Ca sent le bivouac pas terrible tout ça...

...

Ouf, je trouve une petite source, minuscule mais assez pour remplir les bouteilles, c’est déjà une bonne nouvelle. Allons essayer de retrouver Charlie ! Je l’aperçois, au loin, qui crapahute. « J’ai trouvé une vire à 5m de hauteur, je ne sais pas si ça va te plaire, ça fait beaucoup de bruit à cause du rapide en contrebas » « Une vire ? (genre de surplomb rocheux) Mais c’est parfait ! Y’a de quoi mettre la tente ? » Je presse Charlie de me montrer sa vire secrète, c’est la meilleure chose qui puisse nous arriver ! Une vire, une vire et ... du sable sec ! Non mais là on est bénis ! On file chercher nos embarcations-sacs sous la pluie qui s’intensifie, on fait le plein d’eau à la petite source et on se réfugie à la vie. Charlie balais le sol pendant que j’étends la tente qui a pris l’eau (elle ne rentrait pas dans le sac étanche), on ramasse du branchage et on lance un feu pour vite nous réchauffer, ça va mieux. « Bon, on se douche quand même ce soir ? » je demande à Charlie, après avoir retrouvé des couleurs. « Ben maintenant qu’on est bien confort, on sera tellement mieux si en plus on sent bon ! » Allez, on se motive, on retourne à la rivière pour nous « doucher », l’eau de la rivière est plus chaude que dehors, et on remonte dans notre cachette pour ne plus en ressortir avant le lendemain. Avec la pluie qui tombe, le fort bruit des rapides et le vent qui secoue les arbres, je peux vous dire qu’on est les plus chanceux d’être dans notre nid douillet. Et surtout : on est en sécurité. Le vent et la pluie font tomber des cailloux des falaises, certains d’entre eux pourraient bien nous blesser. Sur notre vire on est protégés, on est au sec, notre petit feu a même trouvé une cheminée naturelle dans la roche et on n’est même pas enfumés. Quel bonheur exquis. Le GPS ne capte plus maintenant que les gorges sont bien abruptes, on ne sait même pas si on a fait notre quota des 15km journaliers. En étudiant bien la carte, on suppose que oui, et qu’on a même pris de l’avance. Nous avions étudié la météo avant de partir, il devait pleuvoir mardi et mercredi. On est mardi, avec un peu de chance la pluie s’arrête demain midi s’il pleut toute la nuit ? On table là dessus, et dans l’euphorie et la moellitude de ce Bivouac n°3 « de la vire » on s’autorise même à en profiter en faisant une grasse matinée demain, pendant que la pluie tombera encore. Et puis, ça ne serait pas sérieux d’embarquer avec le risque de chute de pierres, et d’hypothermie potentielle. Ca nous régale encore plus, je peux vous dire que les quesadillas (tortilla avec du fromage fondu) n’ont jamais été aussi bonnes que ce soir là ! Et nous entendons les cailloux tomber des falaises dans certain grands fracas, le Ciel a droit à une prière de remerciement pour sa protection, avant que nous nous endormions.

Maman scorpion et ses bébés , un petit aventurier s’est échappé !

Après une course sur l’eau, le lézard-basilic est au repos

Voici nos sacs-donuts

Dur dur de marcher dans l’eau , vivement la bouée!

Ah! La c’est mieux!

Aqua Park grandeur nature !

Franchissement d’obstacle

Parfaite soirée cocooning à notre vire

MERCREDI 3 MARS, La Venta

Ahhhhh, une belle grasse matinée jusqu’à 8h, la pluie continue de tomber et on s’en fiche : le sable fin de notre petit coin de vire est délicieusement sec. On peut trainer tout ce qu’on veut à boire notre café, à faire les pitres. Charlie rallume le feu et nous avons le loisir d’observer toute la matinée un couple de colibri qui vient butiner des fleurs roses et blanches qui fleurissent les arbres de notre vire. Quelle chance ! On est tellement bien qu’on se demande si on ne pourrait pas passer la journée là ? La pluie n’a pas l’air de vouloir s’arrêter, et on dirait qu’on avancera plus que 15km/jour sur nos bouées. C’est tentant ... J’avoue que c’est trèèèès tentant. « Moi je vote pour, je suis sûr que ça va être facile après, et j’ai tellement pas envie d’avoir froid » argumente Charlie. Moi ma raison prend le dessus, si on ne fait pas d’étape aujourd’hui, même si ce n’est qu’un petit peu, on aura des mégas étapes jeudi et vendredi, c’est un coup à louper le lanchero. Ca me stresse trop, et en même temps cette vire douillette .... « Non mon chéri, on mange ici ce midi auprès du feu et après on descend au moins un peu la rivière, on pourra bien tenir d’avoir froid quelques heures ... » j’argumente à mon tour. « T’es sûre ? Parce que c’est vraiment pas certain qu’on retrouve un aussi bon bivouac ce soir ... et tout sera mouillé on sera comme des chiens miteux plein de regrets ... » Eh oui, je sais tout ça, mais la raison ... La raison veut qu’on continue, et puis ça va être chouette quand même de refaire un peu de « tubbing » (parcours de bouée) on va bien rigoler !

A 13h on est de retour sur nos bouées, c’est sûr ça donne pas envie de se mouiller. Charlie gratte ce qu’il peut en marchant sur les côtés, moi je me jette dans les rapides, c’est tellement rigolo. Les parois atteignent leur maximum : 500m, c’est vraiment impressionnant. Et nous, qui nous laissons flotter sur nos bouées avec notre petite rame, si minuscules dans ce décor si grandiose, avec ce mauvais temps, c’est saisissant. Nous passons un passage caractéristique d’un ilot de rocher au milieu d’un méandre de falaise, cette colonne fait bien 300m, elle me fait penser aux insulberg du Venezuela que j’aimerai un jour connaitre. Le paysage varie chaque jour, je m’attendais à plus de monotonie mais non, chaque jour est une surprise, un délice, et chaque jour ce maudit martin-pêcheur me nargue en passant à toute zibure à côté de mon embarcation, et en faisant son petit cri juste à ma hauteur, comme pour me maudire « Traitre, tu me déloge de mon spot à poissons mais tu ne m’attraperas pas ! ». Effectivement, jamais je n’arrive à être assez réactive pour fimer sa petite tête trop mignonne.

Comme prévu 4h de navigation plus tard on grelotte. La pluie a plus ou moins cessé mais il fait bien gris. La navigation a été très facile, des petits rapides très rigolos et des longues parties calmes et flottantes, on n’a pas beaucoup marché. Dommage car la marche, ça réchauffe. On se remet à l’affût d’une résurgence et, sans faire les difficiles, on s’arrête au premier goutte-à-goutte que nous voyons : ça finira bien par remplir les bouteilles. Depuis cette minus-résurgence située dans un porche (hélas sans plage qui nous permette de bivouaquer), la vue en face sur notre future plage de campement est magnifique : notre petite tente sur sa petite plage (mouillée, heurk) est lotie au cœur d’un énorme cirque calcaire. La plage est ornée de ces « abres-cury » que nous avons nommé ainsi car les fleurs jaunes-orangées nous rappelle cette odeur. Il ne pleut pas mais il bruine, les nuages flottent le long des parois, c’est sublime mais ça ne nous réchauffe pas. Les affaires ne risquent pas de sécher dans la nuit, le sable est froid et mouillé, le feu ne cesse de fumer et de s’éteindre car le bois est aussi mouillé, effectivement le confort est incomparable à la vire. On se rend compte sur le GPS que nous n’avons pas beaucoup avancé. Demain on n’aura pas le droit de chômer, une grosse étape nous attend. Ca sera le dernier jour plein, il nous faudra absolument avancer pour rattraper cette demi-étape, pluie ou pas pluie

Souvenir de la vire

Menu préféré: Les quesadillas!

L’insulberg dans le méandre

Petit rapide

Encore un rapide rigolo

Vue depuis la grotte-résurgence sur le bivouac 4

Les fleurs parfum « cury »

Bivouac 4 mouillé de la plage des arbres-cury

JEUDI 4 MARS, La Venta

Pluie ! Pluie et repluie ! Je n’ai même pas envie de sortir de la tente. On a mis le réveil à 7h, Charlie est un amour il nous fait notre café dehors et je reste dans la tente semi-courbée (on ne tient pas assis) pour le boire dans le confort de la couverture douce et sèche. « Pfiou, ces fringues mouillées ça donne pas envie » je commente à Charlie. Et au même moment la bruine se transforme en petite pluie. On a jamais été aussi efficaces pour plier le campement : on plie la tente trempée, on fourre tout dans les sacs étanches (il n’y a presque plus de nourriture ça rentre plus facilement maintenant) et à 8h on est déjà sur l’eau pour rattraper notre retard. Pas de colibri du matin, pas de héron bon présage ... Par contre on admire un « héron-tigre » qui a une robe couleur pintade, il a un cou extraordinaire (pas tubulaire comme les échassiers classiques mais très épais) et surtout une robe magnifique ! Il fera guise de bon présage. Après quelques rapides rigolos, Charlie est déjà grelottant, nous prions pour un brin de soleil alors que les gorges se resserrent : 500m de haut séparées par seulement 10m de large, et un long couloir d’eau au milieu, sans véritable courant. Ca c’est du changement de paysage radical, et le nom de « Canyon Rio la Venta » prend encore plus son sens quand nous flottons dans ces longs biefs (couloirs d’eau) infinis. On trouve des tactiques, on accroche nos bouées l’une derrière l’autre, l’un pagaie avec la pagaie double cassée et celui de derrière rame avec les bras. Je peux vous dire que ça fait les épaules, mais ça paie, on avance ... un peu. Tiens, le paysage devient familier, on passe devant la sortie de notre Cueva La Venta faite en 2 jours, ça nous fait sourire, on est déjà nostalgiques de ces souvenirs, et la bouée nous fait continué au gré de l’eau. On survole des « nids de poissons » qui forment des petits cratères aquatique qui leurs servent pour frayer. On ne sort quasiment pas de nos bouée, l’eau puise l’énergie de Charlie (moi c’est plus mon élément, étonnamment ça va mieux), et les couloirs d’eau continuent ... On passe un énorme chaos dont les rochers rendus glissant à cause de la pluie, ce chaos nous donne bien du mal avec nos bouées, c’est pas pratique pour se faufiler entre les rochers, mais on s’en sort, et de l’autre côté nous sommes récompensés d’un délicieux rayon de soleil. Ca, ça nous réchauffe le corps et le cœur ! On s’arrête pour mettre nos visages au soleil, on sort la tente pour la mettre à sécher, on lance une eau chaude pour nous faire un bouillon pour midi, ce soleil recharge nos batteries et nous en avons besoin. On compte le nombre de méandres (virages que forme la rivière) que nous estimons devoir passer pour rattraper notre retard ; 1, 2, 3 ... 13. On doit en passer 13. On remonte sur notre bouée, Charlie a mis le poncho par dessus ses vêtements mouillés, pourvu que ça le garde au chaud... Au bout de 2 méandres on a déjà perdu le compte. On continue, quand Charlie peut il marche pour se réchauffer, moi je suis plus agile à pagayer. Le soleil est aussitôt reparti, on l’a savouré au bon moment mais le froid revient vite. On passe le passage clé des Italiens, qu’ils ont mis en photo sur leur livre « La Venta, Trésor caché du Chiapas ». Il s’agit d’un passage dans un virage où le kayakiste (le donutsiste) passe sous une cascade qui se jette dans le Rio, à un endroit où la rivière ne fait que 10m de large. Cette photo, c’est le déclenchement de toute cette aventure ! Nous poursuivons jusqu’au passage très connu de « l’Arche du temps ». A cet endroit la rivière passe dans un passage souterrain de 200m de long et 100m de haut, pour retrouver l’air libre de l’autre côté. Ce passage phare est maintenant accessible aux touristes qui peuvent descendre en rappel pour voir cette énorme arche, lors d’une excursion à la journée. En ce jour de pluie, nous avons la chance d’avoir l’arche que pour nous. Lorsque nous entrons dans l’arche, à la dérive du courant sur nos bouées, nos oreilles s’emplissent du bruit des perroquets verts qui y habitent. L’écho produit est saisissant, s’ajoute à cela la hauteur du plafond, cette luminosité si particulière et à la fois ce calme serein du Rio la Venta. Ca fait deux jours qu’on a plus vu d’humain, on se sent tellement au cœur de cette Selva, malgré le froid, la fatigue, le stress d’arriver à temps on est là, tous les deux, dérivant sur nos bouées, à écouter cette nature sauvage, c’est unique. L’eau a abandonné sa couleur turquoise pour céder place à l’émeraude, émeraude et une palette de verts intenses de la végétation qui vit en symbiose avec ces immenses parois.

Un immense chao de bloc qui fait suite nous sort de notre rêverie

« Punaise ce chaos de bloc là parait IN-SUR-MON-TABLE ! » je le regarde désespérément, mais il faut l’attaquer. Le courant a une de ces forces, on n’a pas le droit à l’erreur, pas de navigation possible, il faut se faufiler, escalader et désescalader ces immenses rochers mouillés et glissants pour contourner le Rio devenu un torrent ruggissant. On avait été prévenu de ce passage, mais je ne m’attendais pas à ce qu’il soit aussi long et aussi engagé. La fatigue n’aide pas. Les dernières lueurs de ce jour gris commencent à nous abandonner, ainsi que l’énergie et le courage de Charlie, et mon moral à moi. Mais on n’a pas le droit d’abandonner, on n’a nulle part où dormir, il faut continuer jusqu’à la moindre petite parcelle de plat qui nous laissera mettre la tente. On se bat pendant une heure dans cet immense chaos, on n’en voit jamais la fin. On se fait passer nos bouées-sacs entre les blocs, à un passage on est obligé de franchir la grosse veine d’eau blanche et Charlie a l‘ingénieuse idée de se servir de la bouée comme d’un hydrospeed : en gros on saute à plat ventre avec la bouée devant et le sac sous le ventre et on palme derrière avec nos jambes. C’était impressionnant mais ça a super bien fonctionné, et pompé les dernières énergies de Charlie. Fin du chaos, début d’un très long bief. Merde, on n’en voit pas la fin, entre ces immenses parois on se sent piégés. Mais on continue, on allumera les frontales s’il le faut. On profite d’une petite cascade pour remplir nos bouteilles, ça sera déjà ça de fait, et on continue, je pagaie devant, Charlie fait ce qu’il peut derrière en ramant avec les bras, emmitouflé dans son poncho qui entrave ses mouvements mais le coupe un peu du froid.

Nos deux petites bouées se suivent dans cet immense couloir d’eau, attachées l’une à l’autre par une sangle que nous avons trouvé coincée dans les blocs. La brume flotte, l’émeraude de la rivière, le vert de la végétation et l’orange des parois se confondent maintenant dans l’obscurité naissante. Mon chéri claque des dents « Tu vas voir, on va trouver une petite plage, la prochaine qu’on voit, c’est la nôtre » je tente de le rassurer. A 18h, ou 18h30 une dalle en rive droite nous permet de poser le campement. Pas de sable mais un espèce de marécage stagnant couvert de papyrus « Ca c’est bien signe que c’est plus qu’humide ! » commente Charlie en constatant les papyrus. La dalle a le mérite d’être sèche, et je recouvre un petit bout de marécage avec des herbes pour installer notre tente. On peut dire qu’on bivouac au plus près de la rivière. Nous sommes juste à côté d’un rapide, le bruit n’est pas de tout repos mais on a enfin quitté nos bouées. On trouve du bois flotté pour faire un feu et on se change enfin. On a pagayé de 8h à 18h quasiment non-stop aujourd’hui, nos émotions ont bien puisé notre énergie. Si bien qu’à la fin du parcours je ne faisais même plus les petits rapides rigolos mais les contournaient comme Charlie pour me réchauffer en marchant sur le côté. On a rattrapé le retard de la veille : 20km d’avancée ! Dire que ce tronçon « Cueva de la Venta-Fin des gorges « nos amis mexicains le font en 4 jours (en se laissant flotter sans pagaie, c’est un autre style !). On mange nos dernières victuailles, on a été on-ne-peut-plus juste sur les quantités de nourriture (trop juste pour mon Viking qui a eu la faim au ventre presque toute la descente). On fini tout ce qu’on a : riz mélangé au riz lyophilisé, et on garde nos deux dernières tortillas et petit bout de fromage pour déjeuner demain matin, avec une purée de frijol (haricot noir) en sachet. Il faut qu’on calcul pour demain : on doit être 3 km après la Junta (confluence du Rio La Venta avec le Rio Negro) à midi, soit une distance de 11km. A raison de 2km/h (on atteint rarement 3km/h), ça nous fait 5h de navigation environ. Pas le choix, il faudra se lever avant le soleil ! Une anguille orange dans une grosse flaque sur la dalle nous amuse un temps avant d’aller sombrer dans les papyrus. Quelques gouttes retombent dans la nuit ..

Réveil pas motivant

Zone de frayère de poisson

La brume sur les falaises

Ramer à la force des bras

On évite les plus gros rapides

Les bouées en kayak pour traverser les biefs

Le passage qui déclencha toute cette aventure

Au cœur de l’aventure, jour 5

Passage problématique dans les chaps

Bivouac 5 dans les roseaux

VENDREDI 5 MARS, La Venta

5h30, le réveil sonne. Il fait encore bien noir. Charlie se lève d’un bond, il est bien décidé à sortir aujourd’hui. Vaut mieux que ça se passe ainsi, étant donné qu’après le petit déjeuner nous n’aurons plus qu’une poignée de fruits secs et de quoi nous faire un café. Il est prévu que le lanchero remonte autant qu’il peut le Rio la venta avec sa barque à moteur. Tant qu’on ne le voit pas, on devra pagayer. Si le Rio est vraiment bas, il est prévu que nous nous retrouvions à l’embouchure, au lac, ce qui rajoutera 8km soit 3-4h de navigation.

C’est notre dernier petit déjeuner en communion avec la nature. La luminosité arrive peu à peu, les gorges baignent dans une brume constante, d’où la végétation verdoyante. C’est magnifique. J’ai un pincement au cœur à l’idée de finir cette aventure. Le paysage est magnifique, cette aventure et notre solidarité est magnifique, une partie de moi souhaiterai rester ici. Je remercie de tout cœur la nature pour nous avoir fait vivre ces moments et nous avoir protégés. Malgré la fatigue et le froid dont a souffert Charlie, il se motive malgré tout à se mouiller intégralement de bon matin pour tourner une vidéo pour l’anniversaire de son neveu. Il m’épate ! Quand à moi, je pense fort à ma grande sœur qui a dû accoucher de son deuxième bébé à un moment de notre descente.

A 7h nous sommes sur nos bouées et profitons des rapides qui s’offrent à nous, sachant que ce seront nos dernières sensations ! Des hirondelles volent en allers-retours au-dessus de nos têtes, en nous offrant de jolis chants. Un peu plus loin sur la gauche nous passons devant un porche avec du sable et une résurgence qui aurait été parfait pour le bivouac si nous avions eu le courage de poursuivre encore un peu plus, encore un conseil à donner aux suivants. Les nuages deviennent de plus en plus légers et laissent place au ciel bleu, enfin. De temps à autre des petites plages apparaissent sur les côtés et nous marchons en portant la bouée. L’œil de lynx de Charlie reconnait à plusieurs reprises des empreintes de Jaguar, des gros coussinets bien ronds sont venus sur cette plage, à 15 min à peine de notre dernier campement. Des plus petits coussinets semblent être la trace du tigrillo, ces félins sont agiles pour descendre se désaltérer au Rio. Comme nous aurions aimé les voir, mais rien que sentir leur présence récente est un cadeau. Puis 2h plus tard, entre navigation et marche sur les plages, et le passage de nombreuses grottes qui mériteraient d’être explorées, les gorges s’agrandissent sans prévenir. Nous passons de 10m de large à 50, puis à 100m. Les falaises sont toujours aussi hautes mais elles s’écartent, laissant la place à de grandes plages où nous marchons, faute d’avoir assez de profondeur d’eau pour naviguer. Un dernier coup d’œil aux gorges, où un rayon de soleil pénètre dans ce couloir d’eau émeraude magnifique, dessinant un petit arc-en-ciel dans le goutte à goutte de la végétation. Je grave cette dernière image du Rio La Venta dans ma tête avant de rattraper Charlie qui est loin devant. Les hérons-bon présages sont revenus picorer les coquillages et les tétards, et nous retrouvons les traces de l’animal le plus présent ici : citron vert, sachet de sel et bouteilles en plastique, ça ne peut être que l’homo-mexicanus-porcus. Ils profitent de venir pêcher mais ils ne se soucient pas de laisser l’endroit beau et sauvage comme il est. Ca suffit pour nous faire regretter de bientôt retrouver la civilisation. Le Rio La Venta conflue avec le Roi Negro, connu de tous pour être un axe principal des narco-trafficants qui font passer la drogue via le Lac de Malpasso vers lequel nous nous dirigeons. Pas de crainte en plein jour, on ne risque pas de les croiser. A la confluence le courant devient assez intéressant pour ne plus souffrir à marcher dans le sable et nous nous laissons aller attachés l’un à l’autre sur nos boués, en admirant ce grand paysage dans cette eau devenue marron et trouble. Nous sommes extirpés de notre rêve en douceur. Nous flottons à la dérive jusqu’à apercevoir au loin une petite barque à moteur qui remonte les gorges : Sain ! Notre lanchero ! Cette vision nous fait rire aux éclats et j’en ai les larmes aux yeux : fin du périple, fin du rêve en Selva del Ocote, fin du Canyon Rio la Venta, fin des 6 jours d’aventure, nous pouvons rendre les armes (ou plutôt les pagaies). La petite barque s’avance vers nous en négociant son passage entre les bancs de sable, et nous ramons avec bras et pagaie jusqu’à sa rencontre. Le soleil a rechargé les batteries de mon chéri, il va mieux. Nous sautons à bord de la barque en rigolant de concert avec Sain : il est midi pile !

Sain a un regard empli de douceur, il est heureux de conduire sa barque. 8km plus loin notre Rio se jette dans le très joli lac de Malpasso. Pas une ride sur le lac, on dirait un tableau de Monet, aucun indice que nous avancions si ce n’est le vent dans nos cheveux qui sèche nos vêtements mouillés depuis 6 jours, sales, puants et déchirés. La tête qu’on a : les yeux cernés, les cheveux ébouriffés, le visage desséché et nous admirons le paysage du lac pendant cette heure et demie de traversée, en silence, sans nous lâcher la main une seule seconde. Au petit port de Malpasso il y a tellement de monde qu’on ne peut pas accoster. « Qu’est-ce qu’il se passe aujourd’hui Sain ? Pourquoi autant de monde ? » je demande à notre lanchero. « Eh bien c’est vendredi » me répond-il comme si cela coulait de sens. On le regarde intrigués. Alors il complète « Les habitants ici sont adventistes, ils ne travaillent pas le samedi ». On recolle les morceaux pour comprendre : la religion des habitants du lac est « Les Adventistes du Septième jour », j’ai jamais compris quel sens avait cette religion, mais de toute évidence ils ne font que prier le samedi, avant de commencer leur semaine le dimanche. Le vendredi c’est donc jour de courses, et chacun reprend le « bateau-collectif » pour retourner à sa maison autour du lac. Ca donne envie une petite cabane au bord de cet immense et magnifique lac, c’est si paisible.

On saute du bateau quelque temps plus tard, en remerciant chaleureusement Sain pour son service. Nous avons eu le temps de dégonfler et plier nos bouées pendant la traversée. Le soleil de plomb qui tape sur le village nous fait rager : si seulement nous avions eu ce soleil dans les gorges, l’aventure aurait été tellement plus facile, suivi de nombreux « si seulements » comme Si seulement les mexicains n’étaient pas aussi fainéants à se laisser porter lassement par le courant, ils nous auraient obligé à prendre une pagaie chacun à la place de batailler à pagayer avec le bras, ça eût été tellement plus facile ! Ou encore « Si seulement ils nous avaient dit que les gorges étaient tout le temps dans la brume, nous aurions pris une néoprène et aurions eu tellement moins froid ».. Mais c’eût été une tout autre aventure, et elle aurait eût un autre goût. Alors aucun regret, allons plutôt goûter le goût des tacos maison de cette petite maison sur pilotis ! Ca ca redonne du poil de la bête, dans le tohu-bohu de la minuscule bourgade de Malpasso. On saute dans un bus qui nous amène deux heures plus tard dans le bordel familier de Tuxtla, on a qu’une envie c’est d’enlever nos chaussures trempées pour qu’enfin nos pieds se dérident ! Puis on saute dans un mini-bus qui nous dépose juste devant chez Augustin. C’est étrange, à la place de partager notre aventure on ne veut entendre parler de personne, on veut juste siroter une bière sur le toit-terrasse d’Agustin. Mais Agustin nous taraude de questions, puis Emanuel veut venir prendre de nos nouvelles et veut nous emmener diner quelque part, mais on est tellement fatigués... Je crois qu’ils ne nous reconnaissent pas ! On a été se chercher des burgers mais on s’endort presque sur notre toit-terrasse en les mangeant, on oublie même la bière dans le congélo. Le lit est si bizarrement moelleux qu’on dort par à-coups.

A 5h30 depuis la tente

Merci la vie !

Dernière image de La Venta

A la dérive vers Sain

Dans la barque sur le lago Malpaso

Les adventistes inondent le port

Miam des tacos!

SAMEDI 6 MARS, Tuxtla

« Cette aventure scelle d’un bracelet d’or votre venue au Chiapas » nous félicite Emanuel, en écoutant nos aventures ! Il nous a ramené un poulet pour que nous mangions à midi, quel amour ! C’est notre dernier jour au Chiapas. Nous passons la journée à préparer notre « despedida ». Nous faisons des crêpes pour Emanuel et Agustin, nous organisons une petite soirée vidéo chez Augustin qui veut voir toute nos aventures au Chiapas et le soir nous retrouvons nos amis spéléos qui nous font faire le tour des bars, mezqueleria et discothèques (avec orchestre local et non musique électronique) jusqu’à 5h du matin ! Ca c’est une despedida, ça faisait longtemps que nous n’avions pas bu autant et nous étions couché aussi tard !

DIMANCHE 7 et LUNDI 6 MARS, Orizaba

« Estan crudos ? » rigole Agustin en voyant nos sales mines ce matin. « Hein ? » je grogne en rigolant. Qu’est ce qu’il veut nous dire ?

« Je ne vous ai même pas entendu rentrer hier ! Mais vu vos têtes, j’imagine que vous ne viendrez pas marcher avec nous ? » Nous avions prévu d’aller faire une balade ensemble avant de prendre le bus. Mais effectivement, on est « crudos », on a la gueule de bois ! Faire nos sacs sera déjà une épreuve suffisamment grande pour nous aujourd’hui. Notre état zombi nous fait bien rire, jusqu’à ce qu’Emmanuel nous dépose au bus de 18h30 en direction de Orizaba, dans l’état du Veracruz, à 10h de bus d’ici. Le bus se fait arrêter plusieurs fois, la police d’immigration sort 4 guatémaltèque ou autre sans papiers qui descendent du bus sans se défendre. Ils tentent de rejoindre les Etats-Unis. Les soutes sont fouillées de nombreuses fois. Nous somnolons dans notre bus, en subissant cette gueule-de-bois qui ne s’améliore pas avec les nids-de-poules et les virages et à 3h du mat nous sommes jetés sur le bord de l’autoroute avec nos sacs, à la périphérie d’Orizaba, alors que le bus continue son trajet vers la capitale. Hugo, le frère d’Augustin, est venu nous chercher en pleine nuit et nous hébergera chez lui le temps qu’on organise nos plans pour la suite. Il est aussi gentil d’Augustin, soucieux de notre confort. Il est riche, et la richesse des Mexicains se traduit toujours par des maisons glaciales aux allures de cliniques, puant le désodorisant et résonnantes, avec ces canapés tellement pleins de coussins et de peluches qu’on n’ose pas s’y asseoir. Mais Hugo est très gentil avec nous. Une fois reposés nous prenons le temps de discuter avec lui, d’échanger sur nos points de vue du Mexique. En tant que professeur d’éducation civique retraité, il a un regard bien critique sur son pays ! « Ah le Yucatan c’est des porcs, avec leur irrespect de la nature et leur fausse culture maya à la con » puis concernant le Chiapas « Ce sont des sauvages, ils n’ont ni loi ni règles, seulement des « us-et-coutumes », pas étonnant que leur ville soit une catastrophe ! Combien de fois on doit payer sur les chemins ? C’est de l’extortionisme pur et dur ! » Il nous fait rire, c’est tellement ce qu’on pense.

Effectivement le Chiapas est un Etat « à part » au Mexique, on avait été prévenu avant d’y arriver. Les indigènes font la loi, et souvent ça passe par faire payer n’importe qui n’importe quoi, tant qu’ils peuvent en profiter pour ne rien faire. Et la corruption est au cœur du débat. Quant au Yucatan, nous n’avons fait que rajouter de l’huile sur le feu en montrant nos vidéos des « plages les plus paradisiaques du monde » pleine de plastique à Hugo « Mettez les sur internet, c’est la seule manière de régler le problème ! » réagit Hugo en s’énervant. « Je n’irais plus dans le Yucatan, c’est décidé ! » ajoute-t-il ensuite sur un ton résolu. Dire que cette péninsule est pour la plupart des voyageurs la représentation de la beauté du Mexique, ils font bien de ne pas sortir de leurs hôtels, ça fait de bonnes œillères le « all-inclusive ».

La suite de notre voyage devrait être consacrée à l’exploration de certains secteurs de canyoning du Mexique. Mais le deal avant tout ça que nous avions conclu avec Charlie était le suivant « Si on descend le Rio La Venta, on fait le sommet du Mexique mon chéri ! ». Charlie n’aurait pas osé me faire un tel chantage, mais je trouve ça juste, on a réalisé une des aventures qui me tenait le plus à cœur, alors faisons tout pour réaliser l’une auquelle tient Charlie : aller en altitude. Là, il sera à son aise, moi un peu moins !

Marché conclu, voilà pourquoi nous nous retrouvons à Orizaba, au pied du plus haut sommet du Mexique, le Pic d’Orizaba, un volcan atteignant 5636m d’altitude. Orizaba se situe à 1500m d’altitude. La ville est différente de celles que nous avions connu jusqu’à présent. Déjà il fait beaucoup plus froid, une brume constante nous humidifie jusqu’au os, les gens semblent plus rigoureux, ils sont bien couverts : doudounes, pantalons longs. Nous consacrons notre journée à organiser la logistique de l’ascension en mobilisant de nouveaux contacts, mais de nombreux éléments nous découragent et nous dépriment. L’ascension semble bien plus dure que nous nous l’imaginions, et nous ignorions si nous sommes capables de la faire finalement. La météo n’est pas top, le temps d’acclimatation va être long, les voitures qui peuvent nous monter jusqu’à un col stratégique pour faire l’ascension prennent une blinde et prennent des risques car les gens montent sans acclimatation. Le plus gros point noir à tout ça c’est l’eau : il n’y a pas d’eau sur le volcan sur l’itinéraire par lequel nous pensions monter. On ère dans Orizaba en alternant renseignements logistiques et promenade. On en profite pour déjeuner des plats typiques dans un boui-boui : doradas (tortillas roulées fourrées à la saucisse), quesadillas garnies avec des fleurs de courgette et memelas (tortillas avec du piment et frijol). Tout ça fait maison et bien chaud, avec un jus d’ananas, c’est un régal de changer de menus (toujours à base de tortillas sous toutes ses formes, bien sûr).

Ce jour brumeux et pluvieux typique d’Orizaba ne nous remonte pas le moral, on rentre bredouille chez Hugo le soir : l’ascension du Volcan parait impossible !

Avec deux de nos amis spéléo

Au revoir Agustin :)

La promenade de la rivière. Orizaba

Repas local à la fleur de courgette

Mardi 8 mars, San Miguel de Palançon

On passe notre matinée déprimés sans réussir à organiser quoi que ce soit. Il y a un canyon majeur dans le coin que nous souhaiterions faire, mais les Mexicains disponibles ne pourront le faire que samedi. On est mardi, qu’est ce qu’on va faire tout ce temps ? On a fait une croix sur le Pic, vue la complexité logistique. Alors on traine à boire le café chez Hugo, à discuter avec lui. Il n’y a rien d’encourageant dans tout ça. Je profite de ce temps mort pour organiser la suite du voyage (c’est ma mission) : Quels canyons prioriser ? Où aller ? Pendant qu’un de nos contacts, Gavrilo, nous harcèle « Venez me voir pour qu’on discute ! ». J’ai contacté cette personne pour avoir des infos sur la Cabonera (le canyon du coin que nous voulons faire). Il a l’air de vouloir nous aider. « Passez à mon bureau maintenant, on va discuter ! » C’est typiquement mexicain de « discuter » de « platiquer » comme ils disent. On ne se presse pas, rien ne nous motive à vrai dire. Sans projets, on déprime ! On fini par se bouger dans l’après-midi, Hugo nous offre de nous déposer au bureau de Gavrilo. Nous rencontrons ainsi un vrai Speedy Gonzales, authentique du Mexique. Gavrilo nous met en tachycardie, on ne comprend plus rien, on est même plus maitres de nos choix.

« Alors les gars, qu’est ce que vous êtes venus faire ici ? Vous me parlez de volcan, de spéléo, de canyon, mais vous voulez faire quoi au final ? »

J’ai envie de pleurer : on n’en sait rien à ce qu’on veut faire, on voulait faire le volcan, mais ça a l’air mort. Il y a de nombreux sites magnifiques de grottes et de canyons, mais personne n’est dispo et on n’a pas le matos pour le faire tout seul. Je me cite en silence les raisons de notre déprime.

Sans attendre notre réponse il continue « Il faut vous organiser la semaine, vous restez combien de temps ? Vous voulez faire quoi ? Moi je peux vous aider sur la logistique, vous emmener, revenir vous cherchez, ne vous inquiétez pas pour ça, et j’ai des contacts. » Gavrilo, Président du Tourisme à Orizaba, n’est qu’un flot continue de paroles, Charlie et moi nageons en plein brouillard, on ne comprend rien. « Il y a ce karst ici, et cette grotte là ... bla bla bla... le canyon ça peut être fait tel jour, et le volcan moi je vous y emmène c’est pas un souci bla ... bla ... bla » Il ne s’arrêtera donc jamais de parler ? C’est ainsi que nous nous retrouvons littéralement catapultés à 3500m d’altitude, dans une sorte de « Camp de Base privé » sur le volcan de l’Orizaba, connu sous le nom de « Puertas del Cielo ». On a eu le temps de chopper quelques victuailles au marché et de délester nos sacs à dos au bureau de Gavrilo, avant de nous retrouver dans un taxi qui nous déposa au soleil couchant à ces petites cabanes rustiques magnifiques, surplombant la mer de nuages, si belle vue du dessus, et pourtant responsable de la grisaille constante qui rend Orizaba si déprimante !

Les sommets des montagnes alentours flottent sur la mer de nuage comme des petits ilots d’un film d’avatar, ce paysage est époustouflant. Les cabanes de « Las Puertas del Cielo » sont tenues par une famille de frangins qui sont nés ici. Ils ont construit ces cabanes avec du matériel de récup et cet endroit peu connu, situé à 3500m, constitue un camp de base parfait pour s’acclimater à l’altitude. Ils captent l’eau d’une des rares rivières du volcan, ils nous laissent camper et prennent soin de nous, la vue est juste splendide et il y a de nombreux sentiers de randonnée libres d’accès au départ de ce camps de base. On ne s’attendait pas à un tel retournement de situation. Ca ne nous assure pas d’être prêts à peut-être faire le sommet (de nombreux arguments nous faisaient conclure que nous ne le ferions pas), mais nous avons là de quoi nous occuper jusqu’à samedi, jour de RDV pour descendre le canyon de la Carbonera avec 3 mexicains intéressés par ce parcours.

Camps de base à Las Puertas del cielo