PÉNINSULE DU YUCATAN 1er post

11 JANVIER 2021, CANCÚN

Nous voilà enfin arrivés à Cancun, 24degres Celsius et d’une moiteur commune aux tropiques, \240après un périple qui fut plus long que prévu! Faut dire qu’on aime jouer les prolongations. Nous partons de Bolquere où la température frôle les -10, il a bien neigé et il neige encore. On doit prendre un petit bus à Puigcerda qui remplace la ligne de train qui ne fonctionne pas. Notre avion décolle de Barcelone à 17h30, on s’y prend bien à l’avance, il est 5h30 quand nous partons. Notre petit bus nous transporte que nous deux et nous gravissons le col de Nuria (pourquoi il ne passe pas par le tunnel?) en bravant la tempête. Il a dû tomber bien 50cm. Le bus se met à patiner, étonnant qu’il ait tenu si bien le coup jusque là. On pense qu’on va louper notre liaison mais le petit bus tient bon et nous amène au train de l’autre côté des Pyrénées. D’un coup nous quittons nos petits sièges doux et moelleux, plongés et somnolents dans le noir et sous la neige pour nous retrouver dans un train glacial, éclairés par des néons agressifs. En route pour Barcelone. On est en période « covid », malgré nos plans machiavélique de trafics de « tests PCR », nous avons dû abdiquer et faire de « vrais » tests (si tant soit est qu’on y croit). Notre voyage tant désiré, notre envie d’échappatoire dans un autre monde, un monde normal, sans confinement et libres de vivre, reste incertain. On peut être refusés à l’aéroport si notre température est trop élevé. On a l’impression de se faire tester au taser. Et ce masque... quelle supercherie. On va devoir porter notre masque pendant plus de 40h non stop, même pour dormir. Jamais je n’ai entrepris un voyage avec tant d’incertitudes: va-t -on arriver là bas ? Est ce que les règles au Mexique ne vont pas changer ? Va t on nous imposer le vaccin entre temps ? Nous partons pour une durée de 3 mois. Nous avons choisi le Mexique car cette destination alléchante était en « vert » sur le site de Tourdumondiste. Il y a plus de pays en rouge qu’en vert à vrai dire. Le Mexique c’est bien, il y a bcp de grottes et de canyons, c’est grand et Charlie sera récompensé de pouvoir parler espagnol cette fois ci (et non anglais comme en NZ). Dans un si grand pays, on ne devrait pas être en peine quoi faire ni franchir des frontières toutes les deux semaines!

A l’aéroport de Barcelone on se planque pour enlever notre masque et respirer un peu à l’air libre. Enfin c’est à notre tour d’embarquer, on voit nos beaux sacs à dos, nos « coquilles », être mis à bord de notre petit avion KLM qui nous emmène ... à Amsterdam!

Nos sacs à dos vont monter dans l’avion

Encore un peu d’attente aux Pays Bas et nous voilà chouchoutés dans le gros Boeing d’Aeromexico. Comme à son habitude, Charlie consulte le magazine des avions situé dans le dossier du passager. Voilà pourquoi on sait que c’est un Boeing ! Le service est luxueux: on a droit à un vrai mini verre en verre pour le vin et à des mini-couverts en métal (sauf le couteau, ça serait trop dangereux. Lui est en plastique !). Oooh mais ils sont tellement mignons et ils iraient tellement bien pour notre roadtrip qu’on réfléchit à un stratagème pour les embarquer. Les Français sont incorrigibles, des vrais roublards! On se planque sous les doudous fournis par aeromexico pour enlever nos masques et passons une très bonne nuit, moi sur la banquette de trois sièges, Charlie comme un roumain sur le plancher. 12h de vol et pas un film, c’est dire si on a bien dormi! Aterissage en douceur dans l’aéroport le plus haut du monde (2200m d’altitude) dans la mega ville étendue de Mexico (25millions d’hab). A croire que l’avion nous manque déjà : on réserve dès notre atterrissage un petit vol interne pour Cancun. Il est 3h40 heure locale (10h40 en France). Notre acclimatation au changement d’horaire et au climat devrait être plus sympa sur la côte, pensions-nous.

On change de terminal, masques sur le museau, café américain mega XXL à la main, sacs à dos (ultra light seulement 15kg avec tous notre matos dedans!) sur le dos et petit sac de voyage à l’épaule. Charlie tente en chemin de boire un gorgée brûlante, entre le masque qui le gêne et la bretelle du sac qui tombe, hélas, il s’étouffe avec et le recrache par terre #pig . c’était un trop gros défi!

Le temps s’aaaallonge, on ère puis enfin à 12h30 heure locale (19h30 heure française) notre avion low-cost VivaAerobus (un petit Airbus cette fois-ci, précise Charlie) nous embarque au-dessus des nuages et après qq turbulences dues à la fin de la saison des pluies, nous arrivons à Cancun. La péninsule Yucateque est magnifique depuis l’avion: une forêt dense s’étire à perte de vue, c’est plus enthousiasmant que Mexico! Charlie aperçoit quelques Cénotes, et sur la côte on constate l’horreur : des hôtels s’étirent tout le long du littoral, l’acclimatation risque de ne pas être terrible ....

On trouve un petit hôtel sur Airbnb dans le centre de Cancun - le vrai village, dans la vraie vie, loin des complexes hôteliers - nous sommes dégoulinants de sueur. Ici le respect des consignes « COVID » est drastiques. On comprend la peur des mexicains, vus les hôpitaux, mieux vaut ne pas tomber malade. A chaque porte un mec t’arrose généreusement de gel hydro, TOUT LE MONDE porte un masque \240sans tricher (sauf les touristes) eou souvent une visière en plus (ou des lunettes PVC on a pas compris pq ?). A chaque pas de porte on doit se desinfecter les chaussures, et on nous prend quasiment systématiquement la température au taser au passage. Le papi de l’hôtel, recruté pour nous mettre du gel, affirme que les mexicains ont moins le Covid que nous paq il fait chaud, et le virus n’aime pas la chaleur. Alors que dans notre pays lointain, il fait froid, donc c’est l’hécatombe.

Une petite douche et nous voilà libérés de nos coquilles, on file faire ce dont on a été privés cette année 2020 : boire une bonne bière au bar! Direction la Plaza de Toros, un ancien lieu de corrida transformé en spot de bars, musique à fond. On trinque à La Corona vs Une pils locale. Ah oui, va falloir se réhabituer aux Pils et dire adieu aux IPA ! On commande des tapas, je me fais avoir par une tapas locale typique qui arrache et me brule le palais - va falloir se méfier des piments !

Au crépuscule les Zanates se ruent dans les arbres et c’est à celui qui crie le plus fort. Noir avec des reflets bleutés, au physique d’une petite corneille, son chant nous rappelle le Tui Néo-zélandais. Il lui manque que les pompons blancs attachés à la gorge, et quelques gammes de chants supplémentaires !

12 JANVIER, CANCÚN

C’est notre premier jour au Mexique ! On a survécu au ventilo dans la chambre qui menaçait de nous tomber dessus. Pas besoin de couvertures dans les chambres, seulement des draps. La vue sur Cancun étonneraient les touristes qui passent leur séjour dans les gros complexes hôteliers.

Notre budget pour le voyage est de 500€ pour deux tous les 15jours. On ignore si c’est faisable ou pas. En ayant lu le Lonely Planet, ça semble serré mais ça devrait passer. On considère trouver un logement à 300 pesos la nuit (soit un peu moins de 15€ pour deux). L’hôtel ici nous coûte 350€, ce qui est pas mal pour cette région touristique.

Vue sur le « vrai » Cancún

Qu’allons-nous donc faire ?

Nous partons arpenter les rues de la ville à la recerche d’un petit déjeuner où on nous sert un « Expresso Américain » à en outrer les Italiens : un vrai bol de tisane ce café ! Puis on se met en tête d’aller « à la plage ». Idée qui semble raisonnable en étant au paradis de la plage. Eh bien les complexes hôteliers s’accaparent tellement les plages qu’on a beau marcher sur le littoral, on est privés même de la vue ! On marche on marche on marche, 15km de bitume, des voitures à toute zibures et toujours pas de plage! Quelle frustration. On est consoles par la compagnie rigolote des iguanes qui sortent chaque .. tuyau sous le trottoir pour se dorer la pilule au soleil !

Petit iguane qui sort de sous le trottoir

On arrive à accéder à deux petites plages publiques, serrées entre deux complexes, mais on est écœurés de voir ce qu’il « reste » au mexicain pendant que les touristes des hôtels profitent de plages privées. En revanche, les rues des hôtels sont bien plus entretenues et propres que Cancun même, qui est une vraie poubelle.

La côte de la « zona Hotelera »

De toute façon on ne peut pas se baigner, car on a pas de maillots de bain. On se met alors en quête d’un maillot, mais faisons au préalable escale dans une ruelle de tacos pour nous requinquer de ces km de marche. Puis onprend la « micro » pour retourner à la ville, non sans un petit regret de ne pas être allés traquer les crocodiles à la lagune (j’ai vu au dernier moment un panneau qui disait de faire attention aux crocos).

Mission remplie pour le maillot, on va se promener un peu sur le « malecon » de la lagune (toujours pas de crocos), et rentrons dans les ruelles de Cancun, bien animées. Les enfants jouent dans la rue sur des voitures à batterie, il a beaucoup de stands, de musique, de nourriture, de vie ! Que les villes vivent comparée à la France. On se trouve une petite terrasse pour dîner, dans la chaleur mexicaine et rentrons nous coucher. A 3h du mat, Charlie doit faire un « test de connexion » pour son examen final de DE spel, qu’il passera en visio depuis le Mexique le 20 janvier, dans le secret le plus total!

Alors faire croire à 3h du mat qu’il fait grand jour et que c’est l’hiver est une scène très étrange ! Mais la scène passe bien, et le formateur lui souhaite bonne chance pour son épreuve et lui conseille de mettre un peu plus d’éclairage pour qu’on puisse voir son beau teint !

13 JANVIER, TULUM

Cancun ne nous ayant pas vraiment fait rêver, on « croit » fuir la capitale du tourisme pour un village plus tranquille et moins fréquenté, où la nature est plus accessible. \240Direction Tulum, où nous nous pensons délivré de cette opression touristique. J’ai repéré une cabaña dans notre budget sur Airbnb : 200 pesos la nuit, en pleine forêt. C’est excentré de Tulum mais au moins on sera peace et en plus y’a des cenotes à explorer juste à côté ! Le bus nous dépose donc en bord de route, et nous marchons 30min sur une piste, avec nos coquilles. Ça promet d’être pas mal ! Des panneaux jaunes indiquent de faire attention à ne pas écraser de nombreux animaux exotiques : Pécari, Singes, Iguanes, Pumas .. On aimerait tellement voir tout ça !

Enfin libres ! (?)

Notre cabaña de rêve est une vraie chasse au trésor : on a pas d’adresse alors on demande aux gens où c’est en montrant notre photo ! Voilà que Juan nous fait monter à l’arrière de son pick up et nous emmène encore plus loin dans la forêt, chez « l’étranger ». Nous le remercions chaleureusement et il nous conseille, en joignant les mains devant sa poitrine « si ça ne va pas chez l’étranger, allez par ce petit chemin voir mon ami Gabriel. C’est un grand chaman. Il vous accueillera certainement et avec un peu de chance, il vous emmènera peut être dans l’inframundo.. »

Chez l’étranger, ça ressemble plus à ce qu’on cherche: un camping en pleine forêt. Mais la cabaña n’est pas en vue. Un « employé » peut être benevole nous propose de mettre notre tente sur du sol dur dans un coin miteux pour ... 400 pesos ! On est étonnés, c’est disproportionné. N’oublions pas qu’on est tout proche de à mane touristique ça rend tout le monde bargeo. Pour 600 pesos par personne, il nous invite à participer aux rites de prières sur sons ancestraux autour du feu. Ça sent le fake. L’étranger se balade presque nu dans le « camping », un blanc tatoué des pieds à la tête, qui a dû resté percher depuis l’absorption de sa première potion maya ! Bon .. on décline son offre et prend le petit chemin, voir le chaman. Le site est joli, des petites palapas (toit pour poser la tente ou le hamac) sont disséminées dans la forêt, des cercles de prières sont entretenus ça et la, il y a même un petit cenote au pied d’un petit temple pyramide! C’est un chouette endroit. Mais le chamam n’est pas là, seulement ses employés-bénévoles nous invitent à attendre son retour pendant 2 ou 3h. Ils n’osent pas prendre de décision pour lui, Charlie et son sixième sens les sent sous domination. Et bon dieu que ça pue la pisse dans ces palapas. \240Qu’est ce qu’on est venus faire ici finalement ? Visiblement les gens qui viennent ici recherche une retraite spirituelle. \240La question nous trotte dans la tête: à t on besoin d’une retraite spirituelle ? Ça nous ouvrirait l’esprit mais c’est pas le moment, on a besoin de BOUGER, de courir de voler et d’être libres. Alors que je tâte l’eau du cenote, ill y a de jolis petits poissons qui brillent quand ils se retournent.

Mini cenote du Shaman

On décide de repartir. Allons à Tulum, ça sera plus facile pour se déplacer, et visiter ce qu’on voudrait. Chao la vie peace and love, on reviendra peut être pour vivre le rite initiatique du monde souterrain.

Deux japonaises nous récupèrent sur la piste. C’est étonnant on dirait qu’il n’y a personne mais il y a du monde. Elles nous racontent que la spiritualites japonaise et la spiritualité maya ont beaucoup de point en commun, et que oui, elles ont déjà vu et entendu des pumas et des jaguars. La chance, on regrette déjà de ne pas être restés finalement. Pourquoi ne sommes nous pas à notre aise ? Qu’est ce que nous sommes venus chercher ?

Retour vers Tulum

Elles nous déposent à Tulum. Une foule de blancs arpente les rues. Au moins on les voit, paq a Cancun ils sont tous dans les hôtels. On débarque, il se met à pleuvoir, y’a plus qu’à chercher un logement mais tout est cher, et c’est pas mal complet. Après une pause cafe-frappe, on atterri finalement dans un petit complexe hôtelier de cabaña, excentré de la ville. Après négociation, on a une cabane pour 600 pesos, le petit dej, et ils nous prêtent des vélos. C’est pas si mal finalement ! Mais cela va nourrir de faux espoirs .. Aller ne traînons pas trop, la journée est déjà bien avancée avec ces transports : prenons un velo et filons à la plage ! Ça nous fait un bien fou, la côte est emprisonnée par des hôtels en ligne sur des kilomètres, mais on trouve un petit accès où faire escale,boire une bière et trinquer avec les pélicans ! Deux pêcheurs, l’un au filet, l’autre à la « roulette » souhaiteraient plutôt que nous les assomions. Ils sont malins ces peliquants !

Bon IPA sur la plage de Tulum

Monsieur Pélican

On regarde la mer, puis la carte, puis nos vélos, et on a qu’une envie : continuer en vélo tout droit jusqu’au bout de cette petite piste, jusqu’à Punto Allen! La voilà la belle idée! On l’aide nos sacs, on prend juste de quoi bivouaquer. Y’a que 50km, et on sera au coeur d’une « réserve de Biosphère » c’est magnifique ! Je veux déjà y être. Nous rentrons plein de bonnes idées, enfin l’aventure approche. On mange chez des vegges (ça fait du bien les légumes!) avec les touristes-hippies de Tulum, et montons notre petit plan !

14 JANVIER, TULUM

Bon, après notre petit délire, on a décidé de ne pas être en proie à nos émotions et de déjà profiter des richesses de Tulum avant de partir vers d’autres horizons! Au programme: visite de ruines Mayas et Cenote tant attendu !

Nous chevauchons nos vélos en direction du parc arqueo, de bon matin il ne devrait pas y avoir grand monde. Bon, on s’est un peu trompé sur ce point là : des bus de touristes descendent au parc pendant que nous zigzaguons avec nos vélos jusqu’à l’entrée. Les touristes, eux, s’en fichent du masque. Par contre tous les Mexicanos appliquent bien la règle. Les ruines sont jolies, un ancien port de commerce stratégique à m’époque Maya, il y a environ 2000ans. Elles servaient encore jusqu’à l’arrivée des Espagnols. Nous sommes étonnés de la petitesse des temples. Certaines sculptures sont encore bien visibles tandis que nos amis les iguanes se cachent dans les trous des fenêtres cette fois-ci, en variant les poses pour le plaisir de Mr Tong. Les bâtiments sont ordonnées stratégiquement pour que le lever de soleil éclaire précisément tel ou tel temple selon qu’il s’agisse de l’équinoxe ou du solstice, point de repère important pour l’agriculture.

Le temple du Vent d’une ancienne cité portuaire Maya.

Sculpture Maya \240en «  estuco »

Il fait chaud, on va piquer une tête à la mer ( il faut quand même que j’inaugure mon maillot de bain!). Nos vélos nous y mènent allègrement, et même jusque sur la plage, qui est agréablement pas bondée !

Les plages sont parfaites pour faire du vélo

Petite pause dans un foodtruck local pour une soupe et une torta de « cabeza de res » (on évitera la traduction pour ne choquer personne!) et continuons notre programme : nous pouvons rejoindre à vélo le Gran Cenote, dont les photos sont alléchantes. On roule par la route pour y aller, dans les odeurs de poubelles et la poussière des camions en tout genre (ça fait rêver ?) Pas autant que l’entrée du Cenote : une vraie piscine municipal. Il y a même des tourniquets et une billetterie en verre pour payer ! 250 pesos, c’est dingue de s’approprier la nature comme ça. Ça nous choque tellement que nous préférons nous abstenir de cette expérience de bain touristique. Un Cénote perdu au milieu de la jungle doit bien nous attendre qq part ? Bon, consolons nous avec une petite photo de notre en-cas de midi !

Pause midi dans un bouiboui de rue: soupe et sandwich de « tête de bœuf »

15 janvier, TULUM

Cette fois-ci on va réaliser notre projet ! Enrique et Alfredo sont aussi enthousiasmés que nous à la réception ! Ils acceptent de garder nos gros sacs et nous partons avec nos minis sacs louer un vélo en centre ville. On a repérer le Mac du Bike qui doit arnaquer toute la ville, ça ira bien ! Et hop, deux beaux chapeaux sur la tête, deux vélos pourris à 100 pesos et nous voilà partis pour faire les 60 km qui nous séparent de Punta Allen ! On a fait des plans à tomber par terre : une fois à Punta Allen, on pourra prendre le bateau avec nos vélos pour traverser la Biosphère (un gros parc avec des lagunes) et continuer notre langue de sable jusqu’a Xalak, à la frontière avec le Bélize, où nous pourrons récupérer un bus pour revenir à Tulum. Ça paraît réalisable ! On entre dans le parc, on paye nos 90 pesos d’entrée, je m’écris « HOURRA, enfin libres ! La vraie vie commence! » et là le vélo de Charlie cède dans un nid de poule : plus de pédalier (pourtant on était en fixie, THE vélo indestructible). Donc on appelle le Mac, qui non seulement ne fais pas son service de Rescate, mais en plus nous ordonne de rentrer « on a pas le droit de s’éloigner de plus de 10km de sa boutique ». Non mais quel relou. Heureusement la chance nous sourit malgré tout : on trouve une petite lagune bien cachée où passer l’après-midi. On a même la grande chance de nager à côté d’un caïman qui se reposait tranquillement sur une branche, la queue dans l’eau ! On ne s’est pas trouvé approché car dit Bebe Caïman dit aussi Maman Caïman !

Un petit caïman nous attend dans cet immense cenote

La chance nous sourit encore : \240on trouve un VRAI bar (d’habitude on ne trouve que des cantines/resto) avec une longue liste de bières Mexicaine IPA comme on aime, alors autant dire qu’on y reste jusqu’à ce que nos vélos nous ramènent en titubants (eux, pas nous!). L’ambiance est bonne ce soir à Tulum ! On a pris la bonne résolution suivante : si Enrique nous prête les vélos de l’hôtel demain, alors nous irons à Punto Allen (deuxième tentative!). Si non, nous devrons partir vers un destin nouveau!

Un VRAI bar de bières IPA artisanales

PÉNINSULE DU YUCATAN : 2ème post

16 JANVIER 2021, TEKAX

« Navrés amigos, les vélos ne sont que pour l’hôtel » nous annonce Enrique, sans aucuns regrets, à notre camping-hôtel de Tulum.

Alors on ne lutte pas plus, on abandonne ce projet vélo (momentanément?), on va bouger vers le centre de la péninsule, où se trouvent les grottes. Un vieux spéléo français qui a fait bcp d’explorations dans le Yucatan en spéléo et plongée speleo nous a recommandé d’aller la bàs. Il a été assez radin en infos, comme tout spéléo qui se respecte, mais avec ces bribes d’informations on va bien trouver qqn qui nous aide à entrer dans un ou deux réseaux. Voyons si le destin nous sourit plus en spéléo. On garde le parc naturel de biosphère qui nous fait rêver dans un coin de notre tête (où on voulait aller en vélo), on a quand même pas dit notre dernier mot. Nous voilà donc dans un bus pour Tekax. Le bus est bondé, on est pas assis à côté mais on est assis. Beaucoup de personnes vont faire le voyage debout. Des petits gosses passent vendre de la nourriture dans l’allée avant que le bus ne démarre. «  Combien de temps va durer le trajet ? » demandais-je au vendeur de billet. « Oh, ça dépend du chauffeur, s’il s’arrête beaucoup ou pas ». Les chauffeurs peuvent faire des « arrêts de courtoisie » pour laisser les gens en chemin ou en recuperer, c’est optionnel. Notre village n’est pas très loin, à 1h30 peut-être , mais on met finalement presque 4h pour l’atteindre. A une des escale d’un bus j’en profite pour descendre et prendre quelques minis tortillas colorés d’oignons roses et d’avocats, sous diverses formes, que vend une femme sur un plateau, avec du piment bien sûr.

Tekax est un petit bled sans prétention. Sa seule gloire vient de ses grottes. On trouve une petite auberge au pied de la colline des grottes. Fini le tohu bohu des villages côtiers touristiques, ici on est bien les seuls blancsbecs, les gens restent bouches bé sur notre passage, ils sont ravis quand on les saluent. Peu de touristes s’arrêtent ici. Certains nous demande de se prendre en photo avec nous. Je pense particulièrement à une dame « vous savez, on ne voit pas beaucoup de gens comme vous par chez nous » dit-elle en voulant se prendre en selfie avec nous. « On a qu’à demander à qqn pour nous prendre en photo » proposais-je. Ça ne lui avait pas traversé l’esprit. Je le tend donc à une dame qui, étonnée de mon geste, refuse en rigolant « non non non, je ne sais pas faire moi ». Une fillette vient à notre rescousse et nous immortalisons la présence rare des blancs-becs dans le petit village de Tekax. Ca fait du bien d’être dans la vraie vie, de voir la vraie vie des gens, de ne plus être dans un décor spécial touristes, plein de faux-semblants. On avait certainement fait une erreur en arrivant sur la côte pour notre début de voyage finalement.

Ici il n’y a quasiment plus de voiture, bcp se déplacent en vélo et les taxis sont ou des « tricyclettes » ou des « trimobilelettes » avec un charriot à l’avant pour transporter 2-3 passagers.

Une ruelle de Tekax, avec un taxi tricycle

Les maisons du village s’alternent en entre petite maison en parpaings et maison-chaumière-palapas typique du coin, qui fait plus penser à un style maya. Les gens ne soignent pas trop leur chez eux. Pourtant ils ont l’air d’être en peine quoi faire. Ça nous désole de les voir piétiner du plastique à longueur de journée, ou leur dindons et leurs porcs fouiner dans les dechets Les murets qui maintiennent l’intimité des maisons sont à la taille des mexicains, soit 1m40 ou 1m50, ce qui fait que nous, géants au royaume des mini-moys, voyons tout ce qui se passe.

Un ermitage massif surplombe le village, et quelques autres bâtiments dans ce même style « moros » (arabe). Au centre une place « à la française » est très agréable. Les arbres sont coupés comme à Versailles et effectivement, les bancs rappellent Paris. Ironie du lieu, au centre siège la statut d’un paysan qui est l’icône de la non-colonisation du pays !

Aussitot installés, aussitôt nous grimpons cette petite colline qui abrite deux beaux porches d’entrées de grotte, voilà que nous nous sentons à la maison! Vivement demain que nous partions en exploration! A l’auberge un mexicain nous accueille chaleureusement pendant que nous dégustons nos nachos et notre corona : « moi je vous emmènerai à Chacmultun, c’est la grotte de mon ami » dit il avec générosité. Mais pas demain, c’est dimanche et avec la pandémie les flics tournent. Voilà une invitation encourageante ! Demain on a donc prévu d’aller voir le réseau de Chocantes, connu pour ses belles concrétions blanches. Il prévient dans la foulée le propriétaire de l’entrée de la grotte de notre arrivée.

Maison typique avec tout en chaume, et « moto tricycle »

Une entrée de grotte sur le petit massif

17 JANVIER 2021, TEKAX

Nuit pas terrible ! Notre chambre était très humide, (bien que le climat soit bien plus sec que sur la côte où on suait comme des porcs). Le lit n’a pas été changé depuis des années, c’est encore un de ces lits à ressort. La douche ne marchait pas, on s’est couché dégoulinant de sueurs et collants aux draps gratteur et à la petite couverture vieillie par le temps. On change d’hôtel de bon matin et marchons jusqu’à la grotte. Le propriétaire nous attend de bon pied, comme s’il savait à quelle heure on arriverait. Il nous a même trouvé un jeune guide, voila qu’on ne s’attendait pas à ça. Nous étions préparés à y aller seuls. Puis deux autres visiteurs s’ajoutent à nous. Et merde, on est tombés dans un tour payant ! Ça fait bizarre de payer pour faire de la spéléo quand on est soit même guide de spéléo! Mais c’est intéressant de voir comment ils « guident » dans les autres pays. Il se trouve que ce jeune « Marc » est très sensible à la nature et à ses origines Maya. Aussi, avant de se lancer dans l’aventure, il nous invite à faire le plein d’énergie en embrassant un magnifique arbre « Ceiba », symbole de l’énergie et de la connection entre le monde du cosmos, le terrestre et l’inframonde. Il nous enseigne les proprietes médicinales de différents arbres sur chemin qui mène à la grotte. Côté spéléo, on est très frustrés, on ne fait que 500m sur les 3 petits km du réseau, mais c’est pas mal pour s’habituer aux 30degres en moyenne qu’il fait dans les cavités de la péninsule. Je l’avais lu, mais je n’y croyait pas, c’est le souffle de l’enfer cette chaleur! L’inverse de la France! Ceci constate bien que la moyenne de chaleur annuelle est très élevée, et qu’il n’y a pas d’hiver. On rencontre notre première chauve-souris locale, très mignonne, elle ressemble à un petit chihuahua, d’où elle tient son nom de « murciélago perro menor », chauves-souris mini chien ! On rencontre aussi des glowworms comme en NZ, ce sont les mêmes, sauf qu’ils n’ont pas le gêne de la fosforescence! Dans la grotte il y a plusieurs poteries qui sont restées des mayas. Marc nous montre plusieurs « metate », sorte de récipient cubique massif, et nous explique que les mayas broyaient les concrétions pour mélanger la calcite avec l’argile et ainsi avoir un materiau de construction plus solide. J’ai lu dans un rapport de spéléo que les metate servaient à récolter l’eau de l’humidité ambiante, par condensation. Mais comment les Mayas pouvaient ils s’aventurer dans ces grottes, si profondément, et travailler dans ces conditions de chaleur et d’humidité ? Peut-être que le climat était différent. Marc nous mène ensuite à La Baume du Taureau et nous apprend à reconnaître d’anciennes cachettes maya pour la chasse, ainsi que des pièges à gibier. C’est passionnant! On fini même notre tour par une tyrolienne de 150m où le guide nous met nos baudriers. Ça fait très bizarre de pas le faire soit même ! Cet espace naturel est très ressourçant. En discutant speleo avec Marc, nous voyons ses yeux briller. Il nous demande de l’emmener avec nous. Nous lui proposons donc de partager un peu de spéléo le lendemain en allant s’entraîner à la verticale. Il est enjoué et nous pensons de suite à Aktum Hom, cette grotte verticale qui commence avec un puits de 30m et où les mayas descendaient avec un système de corde et de balançoire jetés de part et d’autre d’une branche d’arbre pour se faire descendre puis pour s’auto-tracter ! Incroyable ! Dans ce réseau il y a encore bcp de poteries, de peintures ... elle me fait rêver. L’accès se fait par 10km de piste en 4x4 pas très loin de Tekax. \240Lui organisera la logistique, nous on s’occupe de la spéléo.

Morceau de metate

Paysage dans la grotte chocante

Descente à l’échelle !

18 JANVIER 2021

A 7h nous arpentons les rues de Tekax pour trouver un petit dej. Le seul endroit animé c’est le marché. Faut avoir l’estomac accroché: toutes les odeurs se mélangent, viandes à l’etale, poissons, fruits, repas cuits dans la graisse, cuissons de tortillas, des montagnes de beaux légumes colorés et ... \240l’incontournable odeur des poubelles. En règle générale, les villages sont très sales. Les chiens errants déchiquettent les poubelles, il ne doit pas y avoir de réel service d’éboueurs. On préférerait qu’ils brûlent leurs déchets comme le fond les paysans en général, ça éviterait de retrouver du plastique PARTOUT! Par contre, comme ils habitent sur un sol calcaire, ils risqueraient de polluer leur propre eau potable. Nous buvons notre Nescafe (pas de vrais cafés dans les petits bleds...) avec vue sur les poulets cloués par la tête au dessus d’un étal. Les femmes sont habillées en vêtement traditionnels, même les jeunes : elles portent une robe en dentelle blanche jusqu’à hauteur des genoux, bras dénudés, puis par dessus une tunique blanche de la même taille avec des fleurs brodées. Ça s’appelle une guayabera.

Marc passe nous chercher avec deux amis à lui en « escarabajo ». La cocc’ a la cote ici, on en voit partout. Eux l’appellent le scarabée ! \240Celle-ci est retapé version 4x4 : pneus crantés énormes, moteur de tracteur, et plus rien dedans. Le plancher tient à peine, on voit au travers, il n’y a plus de siège, une planche en bois pour la banquette arrière, et deux assises rigides pour l’avant. Et bien sûr pas de ceintures. Le jeune Francisco conduit à tout va, il ne sais pas très bien conduire d’ailleurs, l’embrayage fume, et les trois compère braillent en « maya yucatheque » entre eux. Quelle ambiance ! Y’a eu un petit changement de plan, la route qui mène à Aktum Hom s’est éboulée, on ne peut plus y aller. Nous irons donc visiter Sanctuario, qui était aussi un réseau recommandé par le spéléo français. Mais chut, il ne faut pas le \240dire aux archeos, car il s’agit d’un réseau « protégé ».

Notre scarabé monte même les 2 km de chemin jusqu’a la grotte, je l’aurai pas parié!

Le scarabe 4x4

L’équipement mis, nous sommes prêts à pénétrer dans Sanctuario, par une petite verticale de 5m. A peine somme nous dans le réseau que déjà la chaleur nous assomme. Comment est ce possible qu’il fasse si chaud ? S’ajoute à ça le tracas du risque d’histoplasmose. Cette maladie peut être déclenchéesuite à un champignon contenu dans les fortes concentrations de guano de chauve souris. Pour cette raison, nous progresserons avec le masque. Les mexicains le gardent eux pour le covid. Pourtant Francisco nous racontait qu’il avait subit une « malediction » deux ans auparavant. Une très forte fièvre s’était déclenchée suite à ce qu’il avait ramassé un crâne d’oiseau. Ma fièvre était si forte qu’il avait du se remettre à un chaman pour le guérir. Cette malédiction, c’était effectivement l’histoplasmose. Il avait d’ailleurs arrêté la spéléo depuis. Mais il nous accompagnait à Sanctuario car il n’avait jamais fait de descente en rappel. Techniquement on doit s’adapter à la manière d’équiper « à l’américaine », comme en NZ. C’est déroutant pour nous français, qui installons les cordes à la manière « alpine ». Dans la chaleur étouffante, cette concentration nous demande beaucoup d’effort. Nous descendons une deuxième verticale de 30m. Je pars première. Charlie reste pour encadrer et voir comment progressent les autres. En bas du puits un grosse tarentule me surprend, accompagnee de nombreux scolopendre et insectes depigmentés infeodés au milieu souterrain . On a pas l’habitude de voir autant de faune sous terre, et surtout aussi fat ! C’est dire qu’il y a tellement de guano que ça en fait de la bouffe ! On a pu également admirer le très beau spécimen d’amplypyges, la version naine \240d’abord pour s’habituer au monstre, puis la version goliath!

Spécimen d’amblypyge

Nous admirons aussi quelques morceaux de poteries. Oui, j’au bien dit de la poterie. Alors que nous venons de descendre une verticale de 30m. C’est incroyable, j’ai tellement du mal à me dire que les mayas se sentaient si à l’aise dans le milieu souterrain. Ils devaient avoir des échelles ou des cordes, et le mysticisme de la grotte était si puissant qu’ils ne pouvaient pas résister à y entrer. Leur fréquentation est très fréquente dans la péninsule. Elle l’à été d’autant plus à la colonisation, lorsque les mayas devaient se cacher des espagnols sanguinaires.

Nous nous organisons pour descendre une dernière verticale, dans une salle dite «  d’effondrement » immense et au plafond magnifique. L’installation de ce rappel nous fait réfléchir. Selon la technique américaine, on doit poser notre corde autour d’un amarrage naturel (un rocher) et descendre comme ça, en la faisant frotter sur le rocher. Or notre corde européenne, selon nos techniques alpines, n’acceptent pas le frottement. Le rocher n’est pas très bon, On se casse la tête pour trouver une solution, on y parvient après une bonne heure. Au cœur de la salle une petite voûte de blocs calcaires érigées par les mayas a donné le nom à cette grotte. La suite nous émerveille : le sol est jonché de céramiques en tout genre, charlie reconnaît, apre une visite en musée, un outil de peinture composé de 4 petits coquetiers scellés. On recompose certains pots assez voluminex. La plus part des poteries sont rayées. Depuis cette salle centrale du sanctuaire, réseau se développe en étoile. Nous nous aventurons dans plusieurs galeries, avec des beaux volumes et des paysages souterrains souterrains esthétiques. Dans une galerie nous trouvons des peintures rupestres remarquables : le visage d’un Dieu sur un pilier, un magnifique perroquet en plafond et le superbe tableau d’un jaguar qui attrape sa proie (un chevreuil local, très représenté chez les Mayas). Le tableau est complété par le signe maya représentant ces animaux, ainsi que des chiffres mayas. Le jaguar regarde en arrière, comme s’il voulait attirer l’attention sur qqch. nos compagnons parlent en « maya yucatheque », recréant à nos oreille l’ambianceancestrale qui devait régner dans cette grotte, respectée par leurs ancêtres, il y a peut être 2000ans. Ces mayas qui ont osé descendre dans les entrailles de la terre, grâce à leurs cordage de fibre de hennequen, portés par leurs croyances et leur foi. Je partage l’émotion que ressentent nos 3 compagnons en touchant ces poteries, en rassemblant les poteries de leurs ancêtres.

Fernando rassemble une poterie

Tableau du jaguar

Le perroquet (et son symbole?)

Nous continuons de parcourir les galeries, en nous traînant péniblement dans cette canicule souterraine. Nos vêtements sont gorgés de transpirations, et en plus on a pas pris d’eau pour boire. J’ai mal au crâne de devoir me forcer pour respirer. Notre masque est imbibé d’eau et nous colle à la bouche à chaque inspiration, mais on se force à le garder en espérant qu’il nous protège un peu des spores du guano. On découvre une dernière salle, immense, qui s’ouvre au pied d’une cheminée. Charlie et moi montons en premier. « Venez! Venez voir! On a trouvé d’autres peintures! Des mains, en négatif et en positif ». Les gars nous rejoignent lentement, et plus on regarde le mur, plus les mains apparaissent. En positif, que des mains gauches. Pour certaines ils ont dû escalader pour les faire. En négatif, on voit deux grandes mains droite et gauche, et une plus petite au dessus et au centre. Comme si un adulte s’était appuyé contre le mur et qu’un enfant était monté sur ses épaules pour mettre sa main tout en haut. Encore un peu d’exploration et nous rebroussons chemin pour quitter cette capsule temporelle. La remontée est fluide, les jeunes comprennent vite comment s’y prendre et nous retrouvons enfin le grand air. On dirait presqu’il fait froid quand on sort d’un four pareil.

La salle des mains

Les gars nous proposent d’aller faire une autre petite grotte, sans vestiges cette fois ci, mais après un fort débat intérieur, je capitule, et Charlie m’en remercie! On a besoin d’aller se doucher, de respirer et de nous remettre de tout ça ! On a trainé à Tekax, et on s’est hydraté de jus de fruits locaux : de l’ananas/ chaya (une plante populaire) et du « jamaïca » qui est en fait du sirop d’hibiscus, délicieux et très rafraîchissant. On a chillé sur la place française jusqu’au crépuscule, où nous avons eu droit au spectacle du coucher des zanates. Ces oiseaux bleus aiment dormir tous ensemble dans les arbres des parcs, en brayant comme des catasphiores. Pour dîner impossible de trouver un plat sans viande au marché. On négocie un peu de garniture de tacos (salade tomate oignons) avec un bouillon de poulet. Autant dire qu’on nous matte manger ça comme des ovnis.

Au village ils délirent encore du covid: une camionnette passe dans la soirée en pulvérisant du bactéricide dans toutes les rues !

19,20 JANVIER, MERIDA

Charlie passe son oral cette nuit, il faut qu’on s’assure de capter. On quitte Tekax avec la frustration de ne pas pouvoir explorer toutes ces grottes merveilleuses, après avoir difficilement obtenu des contacts et des infos. Le sort choisi pour nous : il faut qu’on assure d’avoir une bonne connexion wifi et un bon cadre de travail pour le visio de Charlie. Quelques heures de bus plus tard, nous arrivons à Merida, la capitale du Yucatan et découvrons avec surprise que la chambre Airbnb où nous sommes venus toqué est en fait une maison entière avec piscine, et personne dedans! Les clés sont accrochées à un fil de fer derrière le portail. Ça ce sont de bonnes conditions pour passer un examen final! La ville est propre, il n’y a plus de tricycles qui arpentent les rues. Grâce au Covid, les trottoirs ont même été élargis. Merida est une ville empreinte du style colonial, très agréable à visiter avec ses nombreuses placettes et ses maisons colorées couleurs pastel, abritant des patios rafraîchissants.

La voiture populaire devant une église coloniale

Petite boutique de Merida, avec la faillance au style de son homonyne espagnole

Une cour intérieure « patio », petit jardin caché rafraîchissant.

Se laisser porter par l’époque coloniale et oublier que les espagnols ont rasé une cité maya majeure ... pour se hâter de construire sur les fraîches ruines leurs piètres églises. Il faut se promener en oubliant qu’à cette époque, ils ont massacrés les mayas, les obligeant à abandonner leur écriture, les glyphes, pour écrire avec une écriture intelligible (en lettres). Qu’ils les menaçaient de mort si les mayas continuaient de vénérer leurs Dieux et de pratiquer leur spiritualité. Qu’ils ont baptisé cette ville Merida, comme dans le sud de l’Espagne, en mettant fin à la dynastie de Toh. Les Espagnols ont en revanche sû tirer partie de l’industrie florissante de la culture du Hennequen, cette plante dont la fibre végétale a permis de faire des chapeaux, des hamacs, des chaussures avec une fibre très résistante qui absorbe la transpiration la journée, et sèche le soir. Jusqu’à l’arrivée de la fibre synthétique, cette plante a rendu Merida si riche que les industriels ont voulu donner une image chic de leur ville, en s’inspirant du modèle de la France. Aussi ont-ils créé le Paseo Montejo, qui imite les Champs Élysées. Dans les jardins publics on retrouve les bancs français et les coupes d’arbre à la versaillaise, ainsi que des « sièges d’intimité », qui étaient appréciés de Napoléon. Les rues sont nommées en calle et organisées par chiffre, ce qui a bien dérouté les Mayas. Ceci étant, tout illettré pouvait se repérer à chaque coin de rue grâce à une image qui représentait l’endroit. On retrouve encore des vestiges de ce moyen de se repérer dans quelques angles de rues comme « La boule », « la maison bleue », « le moteur électrique », « le Tripoli » au bâtiment où il y avait des bains publics, « les deux dames » ou encore « Le perroquet » situé à l’angle d’un magasin tenu par un aveugle, où un perroquet vous accueillait en disant « Good evening ».

La « silla confidente », icône de Merida inspirée du siège « tête à tête » de Napoleon.

Dessin pour se repérer à chaque angle de rue des « esquinas de Merida »

Une belle rue de Merida

On profite de nos deux jours pour boire de bonne bières dans les patios, et visiter quelques musées. Malheureusement le musée du Monde maya était fermé

(Covid) mais on a pu se rattraper sur le très instructif musée de l’anthropologie, qui nous appris que les Mayas sont arrivés dans le sud du Mexique vers -600, et qu’ils étaient très attachés aux nombres, au temps, à la cosmologie et aux dieux. Une belle initiation aux glyphes, si on accepte d’être désinfecté de la tête au caleçon pour rentrer, comme si on revenait d’Hiroshima : classique port du masque, gel, vitre pvc, pour les surveillants : visière par dessus le masque et gants chirurgicaux pour nous pulvériser du bactéricide sur tous nos vêtements et nos cheveux, et mettre dans un sac plastique notre sac à dos, lui aussi aspergé de bactéricide.

Au hasard des rues, nous atterrissons dans une belle petite boutique d’un commerce social où un mexicain allie son travail avec les savoirs-faire d’une communauté maya. Le commerçant vend des chaussures « tags », des espadrilles principalement. Il imprime le tissu avec des emblèmes \240du Mexique et les mayas assemblent le tout en de très confortables « alparagas » cousues avec du Hennequen. Nous en apprenons au passage tout un tas sur l’histoire de Merida et du Mexique et ressortons, fiers de nos chaussures, 2h plus tard!

Fin du séjour de Merida, Charlie se réveille à 5h00 pour son oral dans notre villa, et après des mois d’acharnement, c’est dans la poche ! ENFIN! BRAVO MON CHÉRI TU AS TENU BON!!

On va se récompenser de cette épreuve en allant se perdre dans la Réserve de Biosphère de l’anneau des Cenotes.

PÉNINSULE DU YUCATAN (post 3)

21 JANVIER, TELCHAQUILLO

Nous nous rendons au Terminal de Merida pour prendre le bus direction le petit village perdu de Telchaquillo. Il doit être si perdu que le vendeur de billets ne le connaît même pas.

« Vous n’êtes pas au bon Terminal, il faut aller au Suroeste, c’est là que vous avez les petites lignes ».

Ah merde, bon on marche jusqu’à l’autre, à 10 rues de là. Nouvelle interlocutrice

« Telchaquillo? \240Pas avant 17h ».

Je roule des yeux, il n’est que 10h! On ne va pas attendre tout ça, dans un pays qui est toujours en mouvement ! Cette femme nous horripile, elle ne fait aucun effort pour nous aider. Heureusement que le surveillant de la salle d’attente (eh oui, il y a des jobs de fou!) nous renseigne

« Allez à la place des combis (petits bus 12 places), l’un d’eux sortira à Telchaquillo quand il sera plein». Nous nous y rendons, satisfaits de cette solution, en marchant dans les back streets de Merida qui sont un vrai foutoir. Au parking de départ des dits « combis » un demeuré nous bave

« Euuuuuh noooon, pas Telchaquillo ici » (ggrrrrr c’est si compliqué d’aller à ce petit bled pensais-je?) puis son pote ajoute, entre deux gorgée de Tekate light (la bière nationale)

« il faut aller à l’autre parking des combis », en nous pointant une direction avec sa bière, avachi à l’ombre d’un mur. Et c’est reparti, nous nous faufilons dans le bordel avec nos coquilles.

« Tu crois qu’ils vont nous envoyer où après ceux là » demandais-je à Charlie en rigolant, à l’approche du nouveau parking.

« Ah non .... » commence une femme « mais c’est pas possible! » je la coupe. Elle ne se démonte pas « Non ce n’est pas ici » en nous précisant « c’est juste en face! ». On est bêtes, c’est effectivement écrit sur le parking d’en face en gros « Telchaquillo ». Effectivement un petit combi attend en plein cagnard de se remplir, baigné dans l’odeur des poubelles et déchets en tout genre qui fermentent tout autour, dont un matelas désossé. Pour l’instant il y a trois passagers, plus nous ça fait 5. Il faut en attendre encore 7. Alors on s’installe et lentement, passager après passager, le minibus se rempli, jusqu’à ce qu’on se retrouve étouffés entre notre siège et nos coquilles qui paraissent si énormes dans ce petit bus : un sac sous les pieds, jambes croisées, et l’autre sur le ventre en travers de nous deux. Charlie va exploser

« Non mais on va pas tenir tout le trajet comme ça, je peux à peine respirer! ». Eh ben si, on tient le coup. Faut dire que les nids de poules ça à l’avantage de nous tasser et de tout bien caler.

Attente du départ du combi pour Telchaquillo

Nous trouvons une charmante petite « maison rurale » pour nous héberger à Telchaquillo. Encore une fois, elle est rien que pour nous! On a une très grande chambre avec au choix lit matrimonial ou hamac, une salle de bain et une cuisine extérieures, parfait avec ce genre de climat et un jardin privé plein d’arbres et d’oiseaux. On a même une cafetière! C’est le paradis. Qui plus est nous sommes bel et bien au cœur de la réserve naturelle des Cenotes, on ne parle que de ça ici, il y en a même un sur la place du village, et il ne sert même pas de vide ordure! Nous empruntons les vélos pour aller visiter les ruines de Mayapan, vestiges de la dernière grosse dynastie Maya jusqu’à l’arrivée des colons. Cette cité de 4km2 accueillaient 12 000 habitants, ça en fait des Mayas! Nous visitons le cœur du site, qui rassemblent de nombreux temples en forme de pyramide. La fresque d’un crocodile est encore visible en couleur dans l’un d’entre eux, ainsi que la magnifique gravure de soldats décapités par des quetzals, un oiseau coloré symbolique que nous espérons avoir la chance de voir pendant notre voyage. \240Il y a très peu de visiteurs sur ce site, la balade est très agréable. Nous avons même le droit de monter sur les pyramides - les Mayas les faisaient avec des escaliers très fins. La plus haute d’entre elle était jadis rouge. Au sommet, on est à la place du « Gouverneur », la vue sur la péninsule est une infinie étendue de forêt basse, on ne voit pas la mer. Elle devait être magnifique cette cité, elle est encore empreinte du mysticisme de et la spiritualité Maya. Dire qu’à cette époque (1600) nous en étions presque au Roi soleil, au château de Versailles et comme dit Charlie, on avait malheureusement déjà inventé la poudre à canon. Nos mondes étaient en tout opposés. Les iguanes nous font rires à détaler sous nos pieds comme des canards qui prennent leur envol. Ils se fondent dans le rocher sur lequel ils dorment. Avec nos petits vélos, on se sent enfin en vacances ! Sur le retour, un oiseau relojero (pendule, de l’horloge) nous distrait. Tiens donc, voilà que je retrouve cet oiseau, connu en tant que « barranquero » en Colombie, qui nous avait si bien accompagné dans les canyons là-bas que je m’en était tatoué la plume de sa queue, qui est très singulière. Alors comme ça ici c’est le « relojero », ça leurs va bien de les appeler comme ça à eux, ces hommes fascinés par le temps (dixit Charlie).

Temple du Dieu Chalack

Charlie au sommet de la pyramide principale, les escaliers sont au milieu.

Peinture d’un crocodile

Le crépuscule arrive, on file au cenote du village nous décrasser de la journée. C’est magique, on l’a que pour nous! On entre dans un premier gouffre par des escaliers qui nous mènent à un petit lac semi-souterrain, situé sous un puits de lumière. Dire que les locaux l’appellent le « charquito », le petit bassin. Mais quelle taille peut alors avoir un cenote normal?

Au dîner quelques mexicains de la famille de la propriétaire viennent nous tenir compagnie. Ils cuisinent au feu de bois (casserole mise en équilibre entre deux parpaings, avec un petit bois qui brûle dessous) alors qu’il y a une plaque à gaz. « C’est que j’aime mieux cuire sur le feu, c’est plus facile, je sais pas» me répond la femme en rigolant, gênée.

On ose pas utiliser la plaque à gaz, elle est toute neuve ! On teste alors notre nouveau réchaud de super Warriors qui attire l’attention de la famille: le réchaud MRS a l’avantage de pouvoir brûler avec n’importe quel combustible. On a juste eu à chercher de l’essence chez le voisin (comme il n’y a pas de station essence, ils revendent au litre pour les motos).

Notre réchaud fonctionne! Il n’y a plus qu’à le prendre en main. En allant chercher l’essence, une camionnette est passée dans la rue principale, rare engin à moteur car la majorité sont en vélo ou en tricycle. Il s’agissait d’un boulanger ambulant, super pour les petits village. Il vendait son pain en vrac jetés dans le coffre. Angel, qui nous a accueilli au gîte, nous a précisé « pour manger je peux vous commander des plats à la voisine jusqu’à 16h. Après ça le soir vous avez une dame qui fait des burgers dans la rue et si vous avez de la chance, des fois (il chuchote)... il y a des pizzas! ».

Je l’aime bien ce village ! Tout le monde a l’air de s’entraider, de vendre sa propre spécialité, et le village vit, il y a du monde dans le rue, de la musique, des enfants.

« Où est-ce que je met les bouteilles en verre Angel » lui demandais-je ensuite pour trier. « Alors les bouteilles en verre c’est dans ce seau avec tout ce qui n’est pas « organique » (ils ne séparent visiblement que le compost). Demain je vous montrerai où on les brûle ».

« Vous brûlez le verre ???? » ne puis-je alors retenir.

« Oui, bien sûr, ça fait même des petites étincèles » me confit-il. Dans son jardin il y a une doline (l’affaissement du terrain sur un sol calcaire signifie qu’il y a probablement un réseau souterrain et donc potentiellement de l’eau qui circule dessous, surtout sur cette péninsule qui est un vrai gruyère d’eau potable!). Cette doline, de par sa forme ronde et creuse, est inévitablement le lieu pour brûler les déchets. On voit qu’il a tout essayé, même les pneus. S’il ne le fait pas, ses déchets traîneront dans la rue du village, seront évantrés par les chiens puis éparpillés par le vent. Dire que chacun doit être sa propre déchèterie c’est honteux. Et on en apprend encore plus le lendemain.

Baignade au cenote du village, le clapotis de l’eau résonne dans le gouffre ainsi que les cris des oiseaux que nous avons perturbé

Le hamac de notre chambre est particulièrement moëlleux

22 JANVIER, TELCHAQUILLO

Une magnifique journée nous attend ! On met nos chapeaux, notre kit spéléo en guise de sac à dos, on enfourche nos vélos de bon matin et roulons en direction des cenotes de la réserve, à environ 15km de là. Là, la gestion des déchets est flagrante : le bas côté de la route, à la sortie du village, est parfait pour ça. Des centaines de mètres de décharge, tout y passe, même les TV. On voit que de temps en temps quelqu’un remet les compteurs à zéro en foutant le feu, quitte à embraser toute la forêt. C’est écœurant. On roule jusqu’à Pyxia. Sur la péninsule il n’y a pas franchement de relief, alors le vélo c’est facile ! A l’entrée du hameau, on retrouve des centaines de mètre de décharge, juxtaposé au panneau de « Bienvenidos a Pyxia » Le hameau est paisible, il y a encore moins de moteurs qu’à Telchaquillo. La route se fini au cœur des habitations par une énorme hacienda de Hennequen, témoin de la prospérité de la région, c’était une autre époque. Sur les murs des maisons chacun a peint son message au nom du Christ, implorant le sauveur. Une maison écoute à pleine baffles « Dios te ayudará la la la ». Des enfants courent sur la terre battue, pieds nus, en jouant avec un bout de ficelle ou un détritus. Attendent-ils le messie pour une vie meilleure? Ou sont-ils heureux de leur vie simple ? Certains nous disent qu’ils survivent ... Les maisons sont soit des palapas (toit en feuilles de palmier séchées, maisons plutôt rondes et en bois), soit des petites baraques de parpaings disposés avec du jeu de façon à ce que l’air circule toujours. Le mobilier est plus que sommaire : souvent il y a une ou deux chaises et table en plastique dehors mais dedans ni chaise ni table ni lit: seulement des hamacs avec ... le messie-TV. A Telchaquillo c’est pareil. Alors c’est donc vrai, les Mexicains dorment en hamacs. D’ailleurs s’en y prêtant plus attention on a résous un mystère. On a vu dans plusieurs hébergements des petits pieux en bois incrustés dans le mur à hauteur de la tête, ce sont en fait des accroches pour les hamacs. On peut en mettre plein, et dans tous les sens.

Attaches murales en bois pour les hamacs.

Une palapa dans la campagne de Pyxia

Une des nombreuses zones de décharge derrière Pyxia

A partir de l’Hacienda, nous avons le choix entre deux pistes, les deux mènent à des cenotes. On prend au hasard celle de gauche et arrivons à la bonne heure :

Le Cenote de Nah’Ya est stupéfiant, les rayons de soleil qui pénètrent dans le gouffre inondé semblent inversement jaillirent du lac comme un bouquet de lumière, nous sommes tous seuls,les hirondelles tourbillonnent en piaillant à notre arrivée et sortent de leurs nids qui se confond avec le plafond de stalactites. L’eau est d’un bleu profond, saisissant. Les racines des arbres se développent jusqu’à atteindre l’eau. Cette merveille de la nature n’est que pour nous, on ose à peine entrer dans l’eau, de peur de tout troubler - ou de se faire aspirer par les rayons de lumières dans l’au-delà! On admire le paysage depuis les escaliers en bois qui descendent au lac mais rapidement notre naturel revient et nous sautons gaiment du bord du gouffre dans l’eau de différentes hauteurs 5m, 10m... Après quelques échanges, le jeune gardien du cenote nous emmène voir à vélo une grotte qu’il a trouvé.

Nous y observons un spécimen de poisson troglobie (totalement dépigmenté) et une écrevisse cavernicole. Puis nous allons prospecter un autre trou qui l’intrigue mais il s’avère qu’il n’y a rien à part un essaim de guêpes qui attaquent Charlie. Le jeune nous accompagne jusqu’à un autre cenote, Sian, ouvert cette fois-ci. D’un regard non-averti, on dirait plutôt un lac magique au creux de cette roche calcaire qu’un Cénote. Nous payons à nouveau notre cotisation (50 pesos).

« Il n’y a que toi qui garde le Cenote? » lui demandais-je

« Non, il y a mon père aussi. Mais j’aime bien faire ça, je suis tranquille. Quand j’ai le temps j’aime me balader en forêt pour trouver d’autres trous, il n’y a personne qui fait ça ici». Voilà pourquoi il nous a fièrement amené voir ces trous tout à l’heure. Puis dans la discussion j’apprends que nous sommes en fait dans un « ejido » (propriété Maya) et que le jeune est salarié par les Mayas pour faire payer les gens qui entrent sur leurs terres

« Eux, vous savez, ils n’aiment pas beaucoup ... travailler. Ils préfèrent rester tranquilles là où ils sont... » nous précise-t-il, assez évasif. \240Le jeune nous prête son masque, en regardant sous l’eau on a l’impression de voler tellement le gouffre est profond et la visibilité est bonne. Les poissons chats viennent faire leurs curieux et les guppies nous mangent les pieds dès qu’on stagne. Charlie saute du bord du gouffre, d’un bon 10m cette fois-ci.

Avant de se mettre à l’eau dans Nah’Ya

La magie opère grâce aux rayons du soleil du matin

On renfourche notre vélo tous les deux et faisons 10km de piste pour rejoindre un dernier cenote, en prenant soin de nous ravitailler en légumes au hameau pour le pique-nique. Ce troisième Cénote est définitivement plus gros que les autres, et bien enfermé dans sa grotte. L’échelle en bois pour descendre semble fébrile mais des plongeurs qui remontent avec leurs bouteilles nous confirment sa solidité. C’est vrai qu’on a l’impression de se baigner dans les entrailles de la terre. L’eau est si douce, si claire, si chaude. Dire qu’un jour ces réseaux étaient sec, il y en avait des kilomètres de spéléo à cette époque. Mais il n’y avait pas encore d’humains pour s’y aventurer. Comme j’envie c’est plongeurs de pouvoir voir tout ça. Pour une sortie, ils nous prennent 100€ chacun et il faut déjà avoir un brevet de plongée. Ils abusent... Un monsieur nous prête son masque et c’est reparti : je vole, je vole dans un gouffre noyé où l’eau est si claire qu’on ne peut avoir que l’impression de voler. On voit les départs de galeries tout au fond, à 40m ou 50m plus bas. C’est fascinant, ça donne envie d’y aller. Charlie retourne au bord du gouffre, cette fois-ci c’est vraiment haut (13m? 15m?) et il n’est qu’en maillot de bain et pied nus. Mais mon guerrier s’élance, sous les cris d’excitation mêlés de peur de la famille mexicaine qui le regarde avec admiration depuis en bas! L’eau est tellement douce on pourrait y rester des heures.

On voulait tellement voir des cenotes, et on était tellement désespérés de voir quel marché ils en faisaient sur la côte, qu’on pensait faire une croix dessus et ne pas avoir la chance de découvrir ces lieux féeriques. On rentre en vélo heureux comme tout, en maillots de bains, avec nos grosses chaussures de rando et nos beaux chapeaux de fibre. La famille nous double en voiture sur la partie goudronné (sur la piste on va plus vite en vélo!) en criant par la fenêtre « Hasta luego amigos! ».

Cenote Noh Mozon, énorme gouffre innondé

Charlie en vélo dans la rue de Telchaquillo à Pyxia, le tricycle, transport local en contre sens.

Le coucher de soleil approche.

On fait une dernière escale : un porche rocheux dans un champs nous avait intrigué à l’aller, ça paraissait faire une belle entrée de grotte. On met nos vélos sur le bas côté (dans les décharges, personne nous les piquera) et on descend au porche, Charlie en premier. On voit de loin une étendue d’eau pleine de végétation, d’arbres morts et de lentilles. On hésite à faire demi-tour mais finalement on continue quand même ... pour « voir ». Un bruit nous intrigue, on dirait que ça cascade ? Ça résurge ? Où il y a une rivière qui débouche là? C’est impossible ... il n’y a pas de rivière sur la péninsule.

« Viens viiiite ma chérie » m’interpelle Charlie qui me devance, les yeux rivés sur l’eau croupie. Et alors nous comprenons ce bruit de clapotis incessant: ce sont des lézards basiliscus qui détalent sur l’eau comme des malades ! On leurs a fait peur. Charlie en voit au moins 5, moi j’aperçois le dernier prendre littéralement ses « jambes à son cou ». Ils sont incroyables ces « lézards-jesus-christ ». Ils peuvent tenir jusqu’à 14m de course sur l’eau. Impressionnants.

Et la magie de cette merveilleuse journée opère jusqu’au soir : c’est soirée pizza au village !

23 JANVIER, MAHAHUAL